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La dernière danse de José Mourinho : de retour à Chelsea pour prouver qu'il n'est pas fini

Au cours de son année en Turquie, il a continué à cultiver la controverse comme personne. Mais il n'a remporté aucun trophée. C'est pourquoi Fenerbahçe a décidé que le Portugais causait plus de problèmes qu'il n'apportait de solutions, et l'a limogé deux jours après une défaite 1-0 à Lisbonne.

Et pourtant, moins de trois semaines après son licenciement, Mourinho a été rappelé à l'Estádio da Luz. Le président de Benfica en est arrivé à la conclusion surprenante que le meilleur homme pour remplacer Bruno Lage était l'entraîneur qu'il venait tout juste de battre.

Voilà donc Mourinho non seulement de retour à Benfica, mais aussi de retour là où est sa place, du moins selon lui. « J'ai eu la chance d'entraîner de nombreux géants. Benfica en est un aussi, et un club géant implique des responsabilités géantes », a-t-il déclaré. « C'est le genre de défi dont j'ai besoin ».

Reste à savoir s'il est encore capable de relever un tel défi. Alors que l'homme de 62 ans s'apprête à retrouver la Ligue des Champions ce mardi sur la pelouse de Chelsea, théâtre de certains de ses plus grands triomphes, il est sous pression. Il doit prouver qu'il a encore sa place au plus haut niveau.

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    "Ce qui a été fait avant ne compte pas"

    José Mourinho l'a toujours dit : ses ennemis peuvent tout lui prendre, mais personne ne pourra lui enlever l'histoire qu'il a écrite. Et il n'a pas tort. Le Portugais est l'un des personnages les plus fascinants de l'histoire du football, et l'un de ceux qui ont le plus gagné, au point d'être le seul entraîneur à avoir remporté les trois compétitions de l'UEFA. On l'a souvent accusé d'arrogance, mais peut-on vraiment lui en vouloir de considérer la pièce remplie de trophées qu'il a chez lui comme une sorte de "musée" personnel ? On pourrait croire qu'un tel palmarès suffirait à apaiser n'importe quel ego. Mais José Mourinho, lui, l'affirme haut et fort : il n'a pas encore terminé et il reste quelques chapitres à écrire. Comme il le dit si bien, « quand vous travaillez encore, quand vous avez encore des ambitions, ce qui a été fait avant ne compte pas ». C'est précisément cette mentalité qui explique pourquoi il a sauté sur l'occasion de revenir immédiatement aux affaires avec Benfica.

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    Un feu qui ne s'éteint jamais

    Mourinho a longtemps pensé que lorsqu'il reviendrait travailler au Portugal, ce serait pour prendre en main la sélection nationale. Cela semblait être une étape logique, surtout à ce stade de sa carrière. Plus jeune, il se demandait s'il aurait toujours la même flamme. Sir Alex Ferguson l'avait un jour rassuré : pour des hommes comme eux, ce feu ne s'éteint jamais. Et Mourinho a découvert qu'il avait raison.

    Lors de son premier match avec Benfica, le 20 septembre, 25 ans presque jour pour jour après son premier passage, il a réalisé que le temps avait passé, mais qu'il n'avait rien changé à sa « nature », sa « passion », ou sa « façon d'être ».

    Et sur ce point, il n'y a aucun doute à avoir. Le "Special One" a peut-être vieilli, mais le feu brûle toujours.

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    Le naturel revient au galop

    Quand José Mourinho est revenu en Italie pour prendre en main la Roma en 2021, il a affirmé avoir changé. Il avait mûri, disait-il, et ne cherchait plus la bagarre.

    Pourtant, dès sa première conférence de presse, il a ouvert le feu sur tout le monde, de Didier Deschamps à Antonio Conte. Et un mois à peine après le début de la saison, il recevait le premier de ses sept cartons rouges.

    Pendant son passage à Rome, Mourinho a montré qu'il était toujours un maître pour galvaniser des supporters, menant le club à deux finales européennes consécutives. Il a remporté la première, mais après avoir perdu la seconde, il a attendu les arbitres dans le parking du stade pour les insulter.

    Ce soir-là, le seul "scandale" à Budapest, c'était bien lui. Il n'est donc pas surprenant de l'avoir vu limogé de la Roma, puis de Fenerbahçe. Car c'est la dure réalité de Mourinho : quand il ne gagne plus, il devient difficile de justifier ses tactiques ennuyeuses et ses crises de colère au bord du terrain.

  • FBL-POR-LIGA-BENFICA-MOURINHOAFP

    Un coup de communication bien senti

    Fenerbahçe a pris un gros risque en misant sur Mourinho, et l'a payé cher. Le limoger lui et son staff a coûté plus de 10 millions d'euros au club turc.

    Alors, pourquoi Benfica a-t-il estimé que le jeu en valait la chandelle ? D'abord, parce que la cote de Mourinho a baissé ces dernières années. Et ses exigences salariales aussi. Rui Costa, le président de Benfica, a révélé qu'il touchera 3 millions d'euros la première saison, et 4 la seconde. Des sommes importantes, mais bien loin de ce que touchait autrefois celui qui était considéré comme le meilleur entraîneur du monde.

    Mais pour Rui Costa, l'enjeu n'est pas que financier. Mourinho reste une « marque mondiale », comme il l'a lui-même dit. « La présence de José va susciter l'intérêt et la curiosité. Benfica et le championnat en bénéficieront ».

    De son point de vue, ce genre de publicité n'a pas de prix. Surtout à quelques semaines d'une élection présidentielle. Un coup politique autant que sportif.

  • FBL-EUR-C1-PLAY OFF-BENFICA-FENERBAHCEAFP

    Le temps des preuves, plus des paroles

    Il y a donc beaucoup d'enjeux autour de ce retour au pays. Mourinho reste le même personnage explosif, déjà menacé de suspension après s'être immédiatement mis les arbitres à dos. Il sait toujours parler, mais la question est de savoir s'il sait encore gagner.

    Dans un style qui lui est propre, il s'est totalement dédouané de l'échec de Fenerbahçe, expliquant que sa seule erreur a été d'accepter de diriger un club qu'il jugeait indigne de lui. « Ce n'était pas mon niveau culturel, ni mon niveau de football. Ce n'était pas mon niveau », a-t-il déclaré. « Entraîner Benfica, c'est revenir à mon niveau. Et mon niveau, c'est d'entraîner les plus grands clubs du monde ».

    Le fait est, cependant, que cela fait une décennie qu'on n'a pas vraiment vu Mourinho performer à ce "niveau". Son seul titre majeur depuis 2017 est une Conference League avec la Roma, et il n'a plus gagné de championnat depuis 2015.

    Rejoindre Benfica va lui permettre de se battre pour le titre portugais. Mais c'est en Europe, et notamment ce mardi à Stamford Bridge, que l'on saura vraiment ce qu'il reste du "Special One".

  • SL Benfica Training Session And Press Conference - UEFA Champions League 2025/26 League Phase MD2Getty Images Sport

    Le jugement du présent

    Tactiquement, on a longtemps considéré que Mourinho était dépassé. Alors que son grand rival, Pep Guardiola, n'a cessé d'évoluer, le Portugais est resté fidèle à ses principes défensifs. Pourtant, il insiste sur le fait qu'il a toujours été aussi polyvalent que pragmatique.

    « Je m'adapte très bien à ce qui est disponible », a-t-il déclaré. « J'ai loué l'effectif de Benfica avant de les affronter, et je le ferai encore ». La pression est maintenant sur ses épaules pour exploiter ce potentiel. Cela signifie se battre pour le titre et, au minimum, atteindre les huitièmes de finale de la Ligue des Champions. Car tout cela ressemble fort à une dernière danse pour le "Special One".

    Mourinho a beau dire que Fenerbahçe n'était pas à son niveau, il s'est mis une pression immense. Il ne peut plus vivre sur ses succès passés, et il le sait. Il s'est toujours dit victime de son propre succès, jugé plus durement que les autres. Mais au fond, il n'en attend pas moins.

    « Ce que je suis aujourd'hui, c'est ce que je suis aujourd'hui, pas ce que j'ai fait par le passé », a-t-il affirmé. « Je suis jugé sur ce que je fais dans le présent ». Et ce procès, qui s'annonce passionnant, commence ce mardi soir, sur la scène de ses plus grands exploits.