James Trafford Robbie Keane Alvaro MorataGetty/GOAL

Griezmann, Morata, Keane… Ces stars piégées par leurs propres transferts

James Trafford était l’un des gardiens les plus convoités du marché après une saison record avec Burnley : seulement 16 buts encaissés en Championship et un taux d’arrêts de 85 %. Son avenir semblait tracé vers Newcastle, qui lui offrait la Ligue des champions. Mais la clause de rachat incluse par Manchester City a tout changé : les Citizens ont égalé l’offre et rapatrié leur ancien portier.

Le choix pouvait sembler logique au départ, puisque la succession d’Ederson s’annonçait imminente. Mais le Brésilien a quitté le club plus tôt que prévu pour Fenerbahçe, et City a profité de l’opportunité de recruter Gianluigi Donnarumma. Résultat : Trafford se retrouve barré par l’un des meilleurs gardiens du monde, à seulement 26 ans et déjà auréolé du Trophée Yachine.

Après trois titularisations en Premier League, le jeune Anglais est désormais cantonné aux coupes nationales, à moins d’une blessure ou d’un effondrement du niveau de Donnarumma. Un choix de carrière qui ressemble de plus en plus à une erreur stratégique, au point que l’idée d’un prêt en janvier est déjà évoquée.

Alors que Trafford médite sur sa décision, retour sur d’autres transferts où des joueurs ont vite regretté leur choix, des coups ratés qui ont freiné, voire brisé des carrières prometteuses…

  • Antoine Griezmann BarcelonaGetty

    Antoine Griezmann (Atlético Madrid → Barcelone, 2019)

    Antoine Griezmann avait déjà créé la polémique en 2018 en refusant le Barça après un feuilleton médiatique digne de LeBron James. Dans un documentaire baptisé The Decision, le Français avait publiquement hésité avant de finalement prolonger à l’Atlético, jurant fidélité aux Colchoneros. L’affaire aurait pu s’arrêter là.

    Sauf qu’un an plus tard, Griezmann finissait par céder aux avances catalanes et rejoignait le Camp Nou contre 120 millions d’euros. Une trahison vécue comme un affront à Madrid, et une arrivée accueillie avec froideur en Catalogne, où l’on n’avait pas oublié son refus initial. Dès son arrivée, le champion du monde a peiné à justifier un prix aussi exorbitant.

    Son adaptation fut un calvaire : incapable de trouver sa place aux côtés de Lionel Messi et Luis Suárez, Griezmann s’est rapidement retrouvé dans l’ombre. Sa première saison s’est soldée par seulement neuf buts en Liga, sa pire statistique depuis huit ans. Et lorsque Suárez quitta Barcelone pour inspirer l’Atlético vers un nouveau titre, le contraste devint encore plus cruel.

    Au final, deux saisons sans éclat, aucune Liga remportée et des humiliations européennes ont marqué son passage en Catalogne. Le Français retourna à l’Atlético en 2021, refermant une parenthèse barcelonaise qui restera comme l’un des transferts les plus regrettables de sa carrière.

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  • Alvaro Morata Real MadridGetty

    Álvaro Morata (Juventus → Real Madrid, 2016)

    La carrière d’Álvaro Morata avait décollé à la Juventus après son départ du Real Madrid en 2014. À Turin, l’Espagnol avait marqué des buts décisifs, dont un en demi-finale de Ligue des champions face… au Real, ainsi qu’en finale de Coupe d’Italie. Mais les Merengue avaient inséré une clause de rachat lors de son transfert, et ils décidèrent de l’activer à l’été 2016.

    Difficile pour Morata de résister à l’appel du club de son enfance. Pourtant, il suffisait de jeter un œil à la concurrence : Gareth Bale, Cristiano Ronaldo et Karim Benzema étaient alors à leur apogée. L’issue était prévisible : l’avant-centre allait rarement être titulaire au Santiago Bernabéu.

    Ce fut exactement le cas. Malgré 18 buts inscrits toutes compétitions confondues, Morata ne démarra que 14 rencontres de Liga et une seule en Ligue des champions sous les ordres de Zinédine Zidane. Le Real remporta la Liga et la C1, mais l’Espagnol resta un simple joker de luxe.

    Au bout d’une seule saison, il fit ses valises pour Chelsea… où son passage fut encore plus compliqué. Depuis, Morata a multiplié les clubs et les allers-retours (sept équipes, dix expériences différentes), sans jamais vraiment s’imposer durablement. Il évolue désormais à Como, en Serie A, symbole d’une carrière marquée par l’instabilité.

  • Manchester City v Nottingham Forest - Premier LeagueGetty Images Sport

    Kalvin Phillips (Leeds United → Manchester City, 2022)

    Le transfert de Kalvin Phillips à Manchester City, à l’été 2022, paraissait logique. Le milieu anglais s’était imposé à Leeds United sous Marcelo Bielsa – l’un des mentors de Pep Guardiola – et avait joué un rôle central dans le parcours de l’Angleterre jusqu’en finale de l’Euro 2021.

    Mais son aventure à l’Etihad a tourné au cauchemar dès le départ. Blessé à l’épaule lors d’un amical contre Barcelone, il dut passer par la case opération. À son retour, Guardiola l’accusa publiquement d’être revenu « en surpoids » après la Coupe du monde 2022 et continua de l’écarter, même dans les matches de rotation, comme la demi-finale de FA Cup face à Sheffield United.

    Même la suspension de trois matches de Rodri, censée lui ouvrir une porte, n’y changea rien : Phillips ne parvint jamais à convaincre. Il partit ensuite en prêt à West Ham puis à Ipswich Town, mais sans réussite. Son bilan à City ? Seulement six titularisations toutes compétitions confondues, dont trois se soldèrent par une défaite des Skyblues.

    Son image s’est tellement détériorée qu’aucun club n’a souhaité le recruter définitivement l’été dernier. Faute de solution, il est revenu à City, où il a effectué une apparition inattendue contre Huddersfield en Carabao Cup, comme pour rappeler à quel point sa trajectoire est devenue l’un des plus grands fiascos récents du mercato.

  • Paul Gascoigne Tottenham Hotspur 1990Hulton Archive

    Paul Gascoigne (Newcastle → Tottenham, 1988)

    Paul Gascoigne a connu de grands moments avec Tottenham, mais son choix de rejoindre les Spurs plutôt que Manchester United reste l’un des plus grands « et si » de l’histoire du football. À l’époque, « Gazza » avait donné sa parole à Sir Alex Ferguson et devait quitter son club formateur Newcastle pour Old Trafford. Mais il se rétracta au dernier moment, Tottenham ayant accepté… d’acheter une voiture pour son père et un banc solaire pour sa sœur.

    La suite est connue : la carrière de Gascoigne fut brisée par l’alcoolisme et les blessures. Beaucoup ont longtemps pensé que Ferguson, qui avait éradiqué la culture de l’alcool à Manchester United dès son arrivée, aurait pu canaliser son talent et changer son destin. Le manager écossais l’a d’ailleurs reconnu en 2021 : « Ne pas avoir signé Gascoigne est mon plus grand regret. S’il était venu, il aurait eu une carrière fantastique. Je ne dis pas qu’il n’a pas eu une belle carrière, mais elle aurait été meilleure avec nous. »

    Gascoigne, lui, n’a jamais totalement partagé cette vision. Interrogé dans le podcast The Rest is Football, il lança avec humour : « On dit toujours que ça aurait été différent si j’avais signé à Manchester United, qu’il m’aurait tenu sous contrôle. Mais Cantona a mis un coup de pied à un supporter, Rooney est sorti avec une grand-mère et Giggs avec la femme de son frère… Je crois que je me serais fondu dans le décor ! »

  • Liverpool v Hull City - Premier LeagueGetty Images Sport

    Robbie Keane (Tottenham → Liverpool, 2008)

    « J’ai toujours été supporter de Liverpool, depuis mon enfance à Dublin, où je portais sans cesse un maillot des Reds », confia Robbie Keane lors de sa présentation officielle à Anfield en 2008. Son transfert ressemblait à un rêve devenu réalité. Mais la réalité fut toute autre. Alors que l’Irlandais imaginait former un duo redoutable avec Fernando Torres, Rafa Benítez l’envisageait… comme futur ailier gauche.

    « Je ne suis clairement pas un ailier gauche, c’est une évidence pour tout le monde », raconta Keane par la suite. « Les 20 premières minutes, il voulait que je joue à ce poste. Je n’y avais jamais évolué, c’était nouveau pour moi. Quand je jouais en pointe, je marquais. Mais le lendemain, je ne jouais plus. Pour un attaquant, c’est très compliqué. Il a voulu faire de moi quelque chose que je n’étais pas, et c’était voué à l’échec. »

    Le mal-être fut tel que six mois seulement après son arrivée, Keane fit ses valises. Revenu à Tottenham pour 12 millions de livres, il laissa Liverpool avec une perte sèche de 7 millions et l’amère impression d’un transfert gâché, autant pour le joueur que pour le club.

  • SL Benfica v FC Bayern München: Group C - FIFA Club World Cup 2025Getty Images Sport

    Tom Bischof (Hoffenheim → Bayern Munich, 2025)

    Milieu de terrain box-to-box, Tom Bischof s’était imposé comme l’un des jeunes talents les plus excitants de Bundesliga la saison passée avec Hoffenheim, au point d’intégrer la sélection allemande grâce à sa régularité. Libre de tout contrat, il avait l’Europe à ses pieds et, logiquement, fit le choix du prestige en rejoignant le Bayern Munich.

    Mais ce pari s’est révélé désastreux. À 20 ans, Bischof n’a toujours pas connu la moindre titularisation avec les champions d’Allemagne, malgré les choix limités de Vincent Kompany qui fonctionne avec un effectif restreint. Pire encore, il est le seul joueur de champ disponible – hormis les troisièmes gardiens – à n’avoir pas débuté une rencontre.

    Sa progression fulgurante a été stoppée nette et son rêve de disputer la Coupe du monde 2026 avec la Mannschaft s’éloigne déjà, tant son manque de temps de jeu compromet sa place dans les plans de Julian Nagelsmann.

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