Napoli-Inter : le choc au sommet qui vaut la tête de la Serie A... et qui a tout d'un monde à l'envers

Parler de crise est peut-être encore excessif, mais il est certain que le Napoli a lourdement ralenti, affichant des crevasses inattendues à tous les niveaux. Sur leurs cinq derniers matchs officiels, entre championnat et Ligue des champions, les Partenopei n'ont gagné que deux fois, et toujours dans la douleur.

Le déclin a commencé avec la défaite à Manchester, même si les circonstances atténuantes (force de l'adversaire, infériorité numérique) étaient réelles. Bien plus inquiétants sont les deux revers consécutifs subis à Turin, puis surtout à Eindhoven, où les hommes de Conte ont été littéralement balayés par le PSV.

Après cette débâcle en Ligue des champions, Antonio Conte n'a pas mâché ses mots, admettant sans détour que quelque chose n'allait plus par rapport à la saison dernière. « Si nous voulons grandir et construire quelque chose qui rende Naples fière, nous devons retrouver l'esprit et la cohésion que nous avions l'an dernier. Avec un seul objectif, sans ambitions personnelles, sans égoïsme, mais une seule vision : Naples », a martelé le technicien. « J'ai vu beaucoup de situations montées en épingle de manière éhontée, ça m'a même amusé. Naples et les Napolitains ne doivent pas être pris pour des cons. » Un message d'une clarté absolue, envoyé à l'ensemble de son groupe.

Pour compliquer encore la situation, une vague de blessures va priver Conte de Meret, Rrahmani, Lobotka et Højbjerg, sans oublier Romelu Lukaku. Autant dire cinq titulaires en puissance. Un problème majeur, alors que les nouvelles recrues, de Beukema à Lucca en passant par De Bruyne, ne sont pas encore totalement intégrées.

La situation est diamétralement opposée du côté de l'Inter, qui, depuis plus d'un mois, ne sait plus que gagner. La saison avait pourtant mal commencé, avec deux défaites lors des trois premières journées, dont un revers rocambolesque 4-3 sur le terrain de la Juventus.

Mais c'est paradoxalement cette défaite à l'Allianz Stadium, plutôt imméritée au vu du match, qui a servi de déclic. Elle a ravivé le « feu intérieur », pour reprendre les termes du nouvel entraîneur, Cristian Chivu.

Depuis ce match, l'Inter a enchaîné sept victoires consécutives toutes compétitions confondues, n'encaissant que deux petits buts au passage et signant quatre clean sheets lors des cinq dernières rencontres.

Le grand mérite de ce redressement revient sans aucun doute à Cristian Chivu, qui a su tenir la barre pendant que la tempête grondait au-dehors. Après la défaite contre la Juventus, certains avaient déjà remis en question le choix de miser sur un technicien à l'expérience limitée pour remplacer Simone Inzaghi.

Mais Chivu a fait le dos rond, a maintenu l'unité du vestiaire en s'appuyant sur un groupe qui, il y a quelques mois, disputait sa deuxième finale de Ligue des champions en trois ans.

Fini les expérimentations tactiques : retour au 3-5-2 si cher à la vieille garde, sans pour autant écarter les nouveaux éléments jugés prêts par l'entraîneur. L'Inter est ainsi redevenue affamée et cynique, capable d'obtenir le résultat maximal même sans tourner à plein régime.

Nous voici donc arrivés à ce choc au stade Diego Armando Maradona, un de ces matchs qui, la saison dernière, avait pesé lourd dans la course au Scudetto. Il y a quelques mois, le Napoli avait arraché le nul en fin de match grâce à Billing, répondant à l'ouverture du score de Dimarco.

Cette fois, nous ne sommes qu'à la huitième journée et l'écart entre les favoris reste minime, quel que soit le résultat. Tout restera ouvert.

Mais il est certain qu'une éventuelle défaite, la troisième consécutive, ouvrirait officiellement l'état de crise du côté de Castel Volturno et ébranlerait les certitudes des champions d'Italie.

À l'inverse, une victoire de l'Inter confirmerait son statut de grand favori pour le titre. C'est pourquoi ce choc au sommet vaut déjà très, très cher.