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Diogo Jota (1996-2025) : Hommage à l'idole d'Anfield partie trop tôt

La nouvelle est tombée jeudi matin, dans les colonnes de MARCA : l'attaquant de Liverpool et du Portugal, Diogo Jota, ainsi que son frère Andre Silva, auraient trouvé la mort dans un accident de la route en Espagne.

L'incrédulité, d'abord. Il devait forcément s'agir d'une horrible confusion. Après tout, Jota venait à peine de se marier. Il était jeune, en pleine santé, heureux. Non, c'était tout simplement impossible.

Mais le déni a vite dû laisser la place à la dévastation. À 10h23, la nouvelle déchirante a été confirmée par son club. Une femme venait de perdre son mari, trois enfants venaient de perdre leur père, et Liverpool venait de perdre l'un de ses plus chers fils adoptifs.

  • Diogo Jota Liverpool 2020-21Getty Images

    L'icône inattendue

    Diogo Jota fut une icône inattendue d'Anfield. La grande majorité des supporters de Liverpool l'admettront volontiers : lors de son arrivée tardive durant le mercato estival de 2020, ils ne savaient pas vraiment quoi penser de ce recrutement. Jota avait montré de belles choses sous le maillot de Wolverhampton, mais le montant de la transaction, 41 millions de livres (près de 48 millions d'euros), avait de quoi faire froncer les sourcils. Beaucoup craignaient que le club ait payé le prix fort pour un joueur qui n'était pas encore une star confirmée.

    Ce qu'ils ignoraient, c'est que le Portugais figurait sur la liste de Jürgen Klopp depuis « deux ou trois ans ». Le technicien allemand était intimement convaincu que son profil, son intelligence de jeu et sa polyvalence s'adapteraient parfaitement à son système. Et l'histoire lui a donné raison, au-delà de toutes les espérances. Car comme Klopp le reconnaîtra lui-même plus tard avec un sourire, Jota s'est révélé être encore meilleur que ce qu'il avait pu imaginer. L'investissement, qui semblait risqué, s'est transformé en l'une des plus belles réussites de son mandat, et le Portugais, en l'un des chouchous du Kop.

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  • Une idole est née

    Grâce à sa polyvalence et à son incroyable volume de jeu, Diogo Jota s'est fondu dans le onze de départ de Liverpool avec une facilité déconcertante. Le club avait trouvé un attaquant à la fois intelligent, travailleur et capable de briller à n'importe quel poste sur le front de l'attaque. Résultat, il a été comme un poisson dans l'eau sur les bords de la Mersey, devenant le premier joueur de Liverpool depuis la légende Robbie Fowler à inscrire sept buts lors de ses dix premières apparitions. Des débuts fracassants, marqués par une série de quatre matchs consécutifs avec au moins un but à Anfield.

    Dès la fin du mois de novembre 2020, c'était une évidence : le Kop tenait sa nouvelle idole. On le surnommait déjà « Jota the slotter », et pour cause. Le Portugais n'était pas seulement un monstre de pressing ; il était aussi, et surtout, un finisseur au sang-froid remarquable.

  • FBL-ENG-PR-NEWCASTLE-LIVERPOOLAFP

    Le mental et la qualité

    C'est alors qu'est apparu le premier des pépins physiques qui ont malheureusement émaillé son parcours à Liverpool. En décembre 2020, une blessure au genou l'a tenu éloigné des terrains pendant trois mois. Une première épreuve qui n'a fait que renforcer sa détermination.

    Une fois revenu en pleine possession de ses moyens, Jota a montré toute l'étendue de son talent lors de la saison 2021-2022. Il a inscrit 21 buts en 55 matchs, contribuant activement à la victoire en FA Cup et en Carabao Cup, et jouant un rôle majeur dans une saison où Liverpool a terminé à la deuxième place de la Premier League et de la Ligue des Champions.

    « Quand il est arrivé, nous étions convaincus qu'il nous aiderait énormément », confiait Jürgen Klopp aux journalistes en janvier 2022. « Mais depuis qu'il est ici, il a franchi un nouveau palier. Il est devenu un attaquant de classe mondiale. Ce mélange de mentalité et de qualité, c'est précisément la raison pour laquelle nous l'avons recruté. » Ces mots résonnent aujourd'hui avec une force particulière, comme le portrait parfait d'un joueur qui incarnait la combativité et le talent.

  • Liverpool FC v Crystal Palace - Premier LeagueGetty Images Sport

    La double frustration

    Pourtant, il semblait que chaque fois que Diogo Jota retrouvait son rythme de croisière, son corps le trahissait. La saison 2023-2024 en est le parfait exemple. Après un début de saison canon, il a été mis sur la touche par un problème musculaire. À son retour, il a de nouveau flambé, marquant cinq buts lors de ses six premiers matchs. Mais des blessures aux ligaments puis à la hanche l'ont contraint à ne débuter qu'un seul match lors du sprint final pour le titre.

    Le sentiment général était que la saison de Liverpool ne se serait pas effondrée de la même manière si Jota avait été disponible. Une idée qui le rongeait de l'intérieur, ajoutant à la douleur physique une peine morale. « On ressent une double frustration quand les résultats ne sont pas bons », avait-il confié. « On se dit qu'on aurait pu être là pour aider, et que peut-être les choses auraient été différentes. Ce sentiment n'est pas agréable du tout. » Ces mots témoignent de son immense attachement au club et de sa nature de compétiteur, pour qui être impuissant était le pire des supplices.

  • Liverpool FC v Everton FC - Premier LeagueGetty Images Sport

    Le sauveur au grand cœur

    Au milieu de la saison dernière, il était devenu douloureusement clair que la fragilité physique de Jota était une réalité. Mais s'il y avait une chose sur laquelle on pouvait toujours compter, c'était sa capacité à répondre présent dans les moments cruciaux, lorsque Liverpool avait besoin d'un éclair de génie. Et le numéro 20 a bien joué son rôle dans la quête du 20e titre de champion.

    En janvier dernier, pour son tout premier match après une énième blessure, il a offert un point précieux à son équipe, alors réduite à dix, en arrachant l'égalisation en fin de match contre Fulham (2-2) à Anfield. Moins d'un mois plus tard, son impact fut encore plus spectaculaire. Entré en jeu face à Nottingham Forest, il a égalisé de la tête sur son tout premier ballon. D'autres pépins physiques ont suivi, presque inévitablement, mais Jota était bien là pour le derby crucial de la Mersey contre Everton, le 2 avril. Un match qui allait s'inscrire dans sa légende, et dans celle du club.

  • Le dernier chef-d'œuvre

    Pendant une éternité, il a semblé que les Reds allaient une fois de plus buter sur leurs rivaux de la ville, qui avaient arraché un nul à la 97e minute lors d'un match houleux à Goodison Park deux mois plus tôt. Mais juste avant l'heure de jeu, à Anfield, Diogo Jota a récupéré le ballon à l'entrée de la surface. Après un une-deux avec Luis Díaz, il a effacé deux défenseurs d'un crochet dont il avait le secret, avant de prendre Jordan Pickford à contre-pied d'une frappe à ras de terre. Une action qui portait sa signature, et qui a déclenché une explosion de joie dans le stade.

    Ce fut son dernier but pour Liverpool. Un but inscrit face au Kop.

    Dans les années à venir, ce souvenir apportera peut-être un maigre réconfort aux supporters, aux amis et à la famille qui l'aimaient tant. Mais aujourd'hui, il n'y a que la dévastation la plus totale.

    RIP Diogo Jota. YNWA.