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La Super Ligue est morte, mais son esprit a conquis la Ligue des Champions

Cependant, la presse espagnole rapporte également que le Barça, en collaboration avec le Real Madrid et A22 Sports, le promoteur de la Super Ligue, aurait eu sept réunions secrètes avec l'UEFA pour... modifier le format de la Ligue des Champions. Une compétition qui a pourtant déjà été réformée l'année dernière.

Alors, que se passe-t-il vraiment dans les hautes sphères du football européen ? Comment cette guerre civile a-t-elle pu éclater ? Est-elle sur le point de se terminer ? Et si oui, quelles en seront les conséquences pour la Ligue des Champions ? GOAL tente de démêler cet écheveau complexe.

  • FBL-ITA-MILAN-JUVENTUS-BERLUSCONI TROPHYAFP

    La menace comme levier

    L'idée d'une Super Ligue a longtemps été qualifiée d'« illusion ». Mais son pouvoir de nuisance, lui, a toujours été bien réel. La naissance de la Ligue des Champions en 1993 n'était, au fond, qu'une réponse de l'UEFA à la première tentative de Silvio Berlusconi de créer une compétition fermée pour l'élite européenne. À chaque fois que les grands clubs n'aimaient pas la direction que prenait le football, la menace de la Super Ligue refaisait surface, comme un outil de pression pour faire pencher la balance en leur faveur. Il n'est donc pas surprenant de l'avoir vue ressurgir en 2020, au moment où la pandémie de Covid révélait la fragilité du modèle économique du football. Dans cette période d'incertitude, Florentino Pérez et d'autres présidents voulaient des garanties financières. Et ils ont ressuscité le monstre, car, comme le dit l'adage, le vrai argent se trouve dans les compétitions européennes.

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  • FBL-ESP-REAL MADRID-MBAPPEAFP

    La naissance avortée

    Ce mélange de désespoir et de cupidité a abouti, le 18 avril 2021, au lancement précipité d'une Super Ligue soutenue par la banque JP Morgan. Douze des plus grands clubs européens annonçaient la création d'une nouvelle compétition, en rupture totale avec le système existant. Le communiqué dénonçait l'instabilité du modèle économique et affirmait que les solutions proposées par l'UEFA ne réglaient pas les problèmes fondamentaux, notamment le besoin d'offrir plus de matchs de haute qualité et de générer plus de ressources. Le projet était simple : 20 équipes, dont 15 membres fondateurs permanents, réparties en deux groupes, suivis d'une phase à élimination directe. Une ligue quasi-fermée, inspirée de l'Euroligue de basket.

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    La révolte anglaise

    Mais le projet était mort-né. Les refus du Bayern Munich, de Dortmund et du PSG de rejoindre l'aventure n'auguraient rien de bon. Surtout, la réaction violente et unanime des supporters, des joueurs et des instances nationales a tout fait basculer. Face à la menace d'une exclusion de leurs championnats, les six clubs anglais impliqués ont fait marche arrière en moins de trois jours. Liverpool et Manchester United ont évoqué des discussions avec leurs "parties prenantes", tandis que Tottenham exprimait ses regrets et qu'Arsenal reconnaissait avoir fait "une erreur". La fronde populaire, particulièrement virulente en Angleterre, avait eu raison du projet.

  • FBL-EUR-SUPER-UEFA-ENG-PR-LIVERPOOLAFP

    "Ils ont eu peur"

    Florentino Pérez, furieux de cette volte-face, a pointé du doigt un coupable : Manchester City. « Il y avait un des clubs anglais qui ne semblait pas très intéressé, et ça s'est propagé aux autres », a-t-il affirmé. « L'UEFA a monté un spectacle. C'était comme si nous avions largué une bombe atomique. Ils nous ont tués, ils nous attendaient ». Pour lui, la raison de ce retrait est simple : « Les propriétaires des clubs de Premier League ne sont pour la plupart pas Anglais. Ils ont des équipes en Amérique, ils aiment le sport et ils se sont retrouvés dans une position à laquelle ils ne s'attendaient pas. Ils sont vieux, ils ont eu peur ». Une analyse cinglante qui occultait une réalité : les clubs anglais, avec les droits TV de la Premier League, n'avaient tout simplement pas besoin de la Super Ligue.

  • FBL-SPAIN-BARCELONA-LAPORTAAFP

    Le projet se poursuit, mais en coulisses

    Pour le Barça et la Juventus, en revanche, la Super Ligue était une « nécessité », un moyen de survivre à des années de mauvaise gestion financière. Pérez et Laporta ont donc décidé de poursuivre l'aventure, promettant de « remodeler le projet ». Mais sans le soutien des clubs anglais, et face à une opinion publique majoritairement hostile, le projet semblait être un « cadavre ambulant », comme l'a qualifié l'association des supporters de football. Le président de la Liga, Javier Tebas, l'a comparé au « loup qui se déguise en grand-mère pour essayer de tromper le football européen ». Le projet semblait enterré, malgré une victoire symbolique devant la Cour de Justice de l'Union Européenne fin 2023.

  • Real Madrid CF v Sevilla FC - La Liga EA SportsGetty Images Sport

    La chute de la Juventus

    Cette victoire judiciaire n'a pas changé grand-chose. L'UEFA avait déjà modifié ses règlements, et plusieurs clubs ont immédiatement réaffirmé leur opposition au projet. Le coup de grâce est venu à l'été 2024, avec le retrait de la Juventus. Sous l'impulsion de son ancien président, Andrea Agnelli, la "Vieille Dame" était pourtant l'un des piliers de la fronde. Mais après la démission d'Agnelli, et une exclusion des compétitions européennes, le club a préféré rentrer dans le rang. Le président du PSG, Nasser Al-Khelaïfi, s'est d'ailleurs fait un plaisir d'accueillir la Juventus au sein de la « famille du football européen ». Le camp des rebelles perdait l'un de ses généraux.

  • FBL-ITA-SERIEA-TORINO-JUVENTUSAFP

    Un nouveau nom pour une vieille idée

    Malgré ce revers, les irréductibles n'ont pas abandonné. En décembre dernier, ils ont annoncé un format révisé et un nouveau nom : la "Unify League". Un projet de quatre divisions, avec 96 équipes, et un système de promotion-relégation, le tout diffusé sur une plateforme de streaming de type Netflix. Une version plus "ouverte" censée séduire les clubs et les supporters. Mais l'accueil est resté glacial. Le projet, même relooké, sentait toujours le soufre et la rupture. Et aujourd'hui, avec le retrait annoncé du FC Barcelone, il semble définitivement mort.

  • FC Barcelona v Paris Saint-Germain - UEFA Champions League 2025/26 League Phase MD2Getty Images Sport

    La paix des braves, ou la victoire des puissants ?

    Mais la Super Ligue est-elle vraiment morte ? En un sens, oui. Mais son fantôme a gagné. Car pendant que les rebelles perdaient des soutiens, ils négociaient en secret avec l'UEFA. Selon la presse espagnole, un accord serait sur le point d'être trouvé. Les exigences du Real et du Barça ? Une refonte de la Ligue des Champions avec deux groupes de 18, dont un groupe "élite" regroupant les 18 meilleurs clubs, qui ne joueraient que les uns contre les autres. Et l'introduction d'une plateforme de streaming mondiale. En d'autres termes, une Super Ligue qui ne dit pas son nom. La menace de la rupture a, une nouvelle fois, servi son objectif. Les élites voulaient une plus grosse part du gâteau. Elles vont l'obtenir. La Ligue des Champions n'est plus qu'une illusion, le nom que l'on donne à une Super Ligue qui a déjà gagné.

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