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De la parodie à la course au titre : l'incroyable revanche d'Unai Emery sur la Premier League

Cette saison de Premier League ne manque pas de narrations fascinantes, de l'effondrement inexplicable de Liverpool au retour inattendu de Sunderland. Mais l'histoire la plus captivante s'écrit dans les Midlands. Il y a quelques mois, après une série de cinq matchs sans victoire et un seul but marqué, on pensait Aston Villa condamné à une année de transition. C'était mal connaître Unai Emery.

Depuis sa première victoire en septembre, son équipe est devenue une machine de guerre, ne lâchant des points qu'une seule fois en championnat. Ollie Watkins, auteur d'un doublé décisif lors de la victoire renversante contre Chelsea samedi, n'a pas hésité à qualifier son coach de « génie tactique ». Aujourd'hui, Villa n'est plus un outsider sympathique, mais un prétendant crédible qui s'apprête à défier Arsenal pour le trône.

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    L'héritage maudit de l'après-Wenger

    Pour comprendre la saveur de ce retour au sommet, il faut remonter à l'échec londonien d'Emery. Succéder à Arsène Wenger en 2018 était une mission suicide, comparable à celle de David Moyes après Sir Alex Ferguson. Emery a hérité d'un effectif déséquilibré, plombé par des défenseurs comme Shkodran Mustafi ou Sead Kolašinac, et d'une structure de pouvoir chaotique qui limitait son influence.

    Malgré une finale de Ligue Europa (perdue contre Chelsea) et une cinquième place, l'aventure a tourné au vinaigre. Moqué pour son anglais approximatif (le fameux "Good Ebening"), victime d'un recrutement raté (les 80 M€ sur Nicolas Pépé), Emery a été limogé en novembre 2019 dans une indifférence quasi générale. Le stade était à moitié vide pour son dernier match. Il était devenu le bouc émissaire idéal d'un club en pleine crise d'identité, laissant la place à Mikel Arteta.

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    La résurrection et la vengeance froide

    L'exil a été salvateur. De retour en Espagne à Villarreal, Emery a rappelé au monde qu'il était un technicien d'élite. Le destin, taquin, a mis Arsenal sur sa route en demi-finale de la Ligue Europa 2021. Ce soir-là, le maître a donné une leçon à l'élève Arteta, éliminant les Gunners avant de battre Manchester United en finale. Sans jamais parler ouvertement de vengeance, Emery tenait sa réhabilitation.

    Quand il est revenu en Angleterre à l'automne 2022, snobant Newcastle pour le projet d'Aston Villa, le message était clair : il voulait l'autonomie qu'il n'avait jamais eue à Londres. Le pari a payé immédiatement avec une qualification européenne. Mais c'est bien contre Arsenal qu'il a continué d'écrire sa légende personnelle. Ses victoires tactiques sont devenues régulières, dont ce fameux doublé en décembre 2023 où Villa a battu City et Arsenal en quatre jours.

  • Arsenal FC v Aston Villa FC - Premier LeagueGetty Images Sport

    La kryptonite de Mikel Arteta

    Les chiffres ne mentent pas : Unai Emery est devenu le pire cauchemar de Mikel Arteta. Avec quatre victoires en huit confrontations, il possède l'un des meilleurs ratios contre l'actuel coach d'Arsenal, aux côtés de Klopp ou Guardiola. Plus que les statistiques, c'est le timing qui fait mal. La saison dernière, c'est la victoire de Villa à l'Emirates (2-0) en avril qui a brisé l'élan des Gunners et offert le titre à City.

    Cette saison encore, Emery a joué les trouble-fêtes. Alors qu'Arsenal pensait tenir le nul à Villa Park il y a quelques semaines, Emiliano Buendía a surgi à la 94e minute pour crucifier Raya. Emery exultait sur la touche. Il sait comment faire déjouer cette équipe, comment exploiter ses failles mentales. « C'était cruel », avait admis Arteta. Pour Emery, c'était simplement une confirmation.

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    Une 12e victoire pour l'histoire ?

    Le débat sur le licenciement d'Emery par Arsenal refait surface à chaque confrontation, mais la vérité est que cette séparation était nécessaire. Arsenal avait besoin d'un reset culturel, et Emery avait besoin d'un club à sa main pour exprimer son génie. Aujourd'hui, tout le monde est gagnant, mais Villa semble avoir le vent dans le dos.

    Si les Villans l'emportent mardi, ils signeront une douzième victoire consécutive et reviendront à hauteur de points d'Arsenal. La pression est immense sur les épaules des Londoniens, dont le public devient fébrile au moindre accroc, comme vu lors de la victoire poussive contre Brighton. Villa, de son côté, arrive sans peur, porté par un Ollie Watkins en feu. Si Emery parvient encore à "flipper le script", il ne sera plus question de revanche, mais de sacre.

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