Il y a des samedis où le football, dans un caprice magnifique, décide de déchirer les grimoires de la logique. Ce fut le cas sous le ciel de Wembley, où Crystal Palace, petit poucet au cœur immense, a gravé son nom dans l'éternité en terrassant le colosse Manchester City (1-0). Un unique but, une frappe limpide d'Eberechi Eze à la seizième minute, a suffi pour que les Eagles, au terme d'une résistance héroïque, soulèvent le premier trophée majeur de leur histoire. Une consécration inouïe pour ce club londonien, habitué aux seconds rôles, deux fois finaliste malheureux (1990, 2016), et qui, sous la houlette d'Oliver Glasner, a touché son Graal.
AFPCrystal Palace - Manchester City (1-0) : Les Eagles remportent une FA Cup historique face aux Citizens.
Getty Images SportHenderson, le mur où s'est brisé l'empire City
Si Palace a pu écrire cette page de légende, c'est en grande partie grâce à un homme : Dean Henderson. L'ancien portier de Manchester United, comme un clin d'œil du destin face à l'autre géant de Manchester, a livré le match de sa vie. Un festival de parades qui a débuté dès la septième minute face à une reprise à bout portant d'Haaland. Il récidiva à la douzième sur une tête piquée d'un défenseur de City, avant le tournant psychologique du match : ce penalty accordé aux Citizens à la 36ème minute. Haaland, dans un geste de générosité peut-être mal avisé, laissa son coéquipier Omar Marmoush s'avancer. Henderson, impérial, choisit le bon côté et détourna la tentative. Le show ne s'arrêta pas là : un tir de Doku neutralisé avant la pause (43e), puis une envolée spectaculaire sur une frappe de l'entrant Echeverri (82e). Un mur.
AFPEze, l'éclair qui a écrit l'histoire
Pendant que Henderson écœurait les attaquants de City, un autre héros se révélait. À la 16ème minute, sur une contre-attaque fulgurante, Jean-Philippe Mateta, dos au but, réalisait un travail de pivot remarquable pour décaler Daniel Muñoz. Le centre à ras de terre du Colombien trouvait Eberechi Eze, dont la reprise instantanée fit trembler les filets et chavirer de bonheur le kop des Eagles. Un but d'une pureté clinique, symbole de l'efficacité d'un Palace qui, ce jour-là, avait décidé que chaque occasion serait la bonne.
Getty Images SportLa possession stérile et le crépuscule des Sky Blues
Les chiffres, parfois, mentent effrontément. 79% de possession pour City, 22 tirs contre 7. Une domination territoriale écrasante, mais stérile. Car dominer n'est pas gagner, et les hommes de Pep Guardiola en ont fait l'amère expérience. Ils ont assiégé la surface de Palace, multiplié les combinaisons, mais se sont heurtés soit à un Henderson en état de grâce, soit à leur propre maladresse. Un but de Daniel Muñoz pour Palace fut même refusé pour hors-jeu à la 59ème minute, qui aurait pu être le coup de grâce prématuré.
AFPDix minutes pour l'éternité, un empire en déroute
Les dix minutes de temps additionnel ajoutées en fin de rencontre furent une agonie pour les uns, un compte à rebours vers la gloire pour les autres. City aurait pu jouer des heures, le ballon ne serait sans doute jamais entré. Une sorte de fatalité s'était abattue sur les Sky Blues, qui perdaient là leur deuxième finale de FA Cup consécutive et concluaient une saison vierge de tout trophée. Un fiasco.
Getty Images SportLa fin d'une dynastie ?
Ce revers sonne étrangement comme la fin d'un cycle pour Manchester City. Perdre contre ce Crystal Palace, aussi méritant soit-il, soulève des questions. Un ressort semble cassé. Pour Kevin De Bruyne, dont c'était vraisemblablement la dernière apparition sous la tunique bleu ciel, la sortie est amère, la tête basse au lieu d'un trophée brandi. Palace, lui, entre dans une nouvelle dimension, celle des vainqueurs. Et c'est tout le football qui célèbre cette improbable et magnifique victoire du cœur et de l'abnégation.



