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Le PSG face à un tournant européen : le spectre d’une élimination prématurée

Luis Enrique savait parfaitement dans quoi il s’engageait en acceptant de devenir entraîneur du Paris Saint-Germain en 2023. À Paris, les titres nationaux ne suffisent pas ; seul le Graal européen, cette fameuse Ligue des champions, définit le succès au Parc des Princes.

« J’adore cette pression et cette mission », déclarait le technicien espagnol lors de sa première conférence de presse. « De nombreuses équipes partagent ce rêve, parfois avec plus d’expérience, mais cela ne signifie pas que nous ne pouvons pas atteindre ce niveau. »

Cependant, le coach asturien avait conscience du défi : « C’est un challenge immense. Et la Ligue des champions est presque injuste : une seule mauvaise soirée, et c’est fini. »

Mais si cela est vrai pour la phase à élimination directe, le nouveau format de la phase de groupes rend une sortie précoce quasi impossible pour les grandes équipes. Pourtant, à l’aube de leur rencontre avec Manchester City, le PSG semble sur le point de défier les probabilités en frôlant une élimination prématurée – peut-être la plus embarrassante depuis l’arrivée de QSI à la tête du club il y a plus de dix ans.

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    Une prophétie malheureuse

    Lorsque QSI a pris le contrôle du PSG en 2011, ses ambitions étaient claires : dominer le football européen. En 2014, le président Nasser Al-Khelaïfi prédisait même une victoire en Ligue des champions dans les quatre ans, lors d’une interview accordée à L’Équipe.

    Un message ambitieux, mais qui s’est révélé être une erreur de jugement. Comme l’a avoué l’ancien capitaine Thiago Silva, cette déclaration a exercé une pression démesurée sur les joueurs – qui n’ont cessé de plier sous son poids.

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  • FBL-EUR-C1-BARCELONA-PSGAFP

    Une pression insoutenable

    Le PSG a accumulé les fiascos mémorables en Ligue des champions. Il y a eu « La Remontada » face au FC Barcelone en 2017, où le club parisien s’est effondré après avoir mené 4-0 à l’aller. Puis, la déroute face à Manchester United en 2019, avec un but dans les arrêts de jeu transformant Neymar en mème malgré lui. Et bien sûr, la défaite 1-0 en finale contre le Bayern Munich en 2020, un moment particulièrement amer.

    « La pression pour gagner la Ligue des champions était trop grande », déclarait Thiago Silva au Parisien en septembre 2023. « C’était quelque chose de pesant. La pression augmentait chaque année. Mais ce n’est pas comme cela qu’on gagne. Cela demande de la constance sur plusieurs saisons. »

    Si son successeur Marquinhos affirme que cette pression n’affecte plus le vestiaire, les performances du PSG en Europe racontent une autre histoire.

  • Real Madrid v Paris Saint-Germain: Round Of Sixteen Leg Two - UEFA Champions LeagueGetty Images Sport

    Une obsession mal placée

    Depuis leur finale en 2020, le PSG a connu d’autres humiliations européennes : une déroute face au Real Madrid en 2022, des éliminations sans éclat face à Manchester City (2021) et au Bayern (2023), et la désillusion contre le Borussia Dortmund en demi-finales la saison dernière.

    Malgré les milliards investis par QSI, le PSG reste perçu comme une équipe de Ligue 1 qui échoue dès que le niveau s’élève en Europe. Pire encore, la quête désespérée de ce trophée semble avoir brouillé les priorités du club.

    Luis Enrique, lors de son arrivée, avait pourtant mis en garde : « Quand un club est obsédé par quelque chose, ce n’est jamais bon signe. Il faut de l’ambition, mais pas de l’obsession. »

    L’approche bling-bling du passé, avec une accumulation de stars, n’a pas fonctionné. Sous l’impulsion de Luis Campos, le PSG a tenté de tourner la page.

  • Luis Enrique لويس إنريكيGETTY

    Une stratégie différente

    Si le club a tout fait pour retenir Kylian Mbappé, la politique de recrutement a clairement évolué. Fini les noms clinquants ; place à des jeunes talents prometteurs comme Bradley Barcola, Gonçalo Ramos ou Lucas Beraldo.

    L’idée est de construire sur le long terme. Mais une élimination dès la phase de groupes pourrait ébranler cette stratégie. La confiance envers Luis Enrique, déjà mise à mal par des résultats irréguliers, serait remise en question, malgré les déclarations de soutien de Nasser Al-Khelaïfi en décembre :

    « Je trouve ridicule ce qui se dit sur Luis Enrique. Nous avons une stratégie à court, moyen et long terme. J’ai entièrement confiance en lui et en l’équipe. »

    Cependant, une élimination rapide pourrait changer la donne, notamment auprès des supporters.

  • Arsenal FC v Paris Saint-Germain - UEFA Champions League 2024/25 League Phase MD2Getty Images Sport

    Des performances insuffisantes

    Le tirage n’a pas été tendre avec le PSG, qui a croisé Arsenal, l’Atlético Madrid et le Bayern Munich. Mais leurs sept points en six matchs révèlent un problème plus profond.

    Les Parisiens ont dominé sans concrétiser face au PSV (1-1) et se sont inclinés dans les dernières minutes face à l’Atlético (2-1). Pourtant, des performances insipides comme le 0-2 contre Arsenal ou la défaite contre le Bayern, marquée par l’expulsion stupide d’Ousmane Dembélé, montrent les limites actuelles de l’équipe.

    Même leur unique victoire, contre Gérone, doit plus à un but contre son camp grotesque qu’à une véritable supériorité sur le terrain.

  • FBL-FRA-LIGUE1-PSG-SAINT-ETIENNEAFP

    Le choc face à City

    Le PSG doit désormais battre Manchester City ou Stuttgart pour espérer prolonger son aventure européenne. Une situation embarrassante pour une équipe construite pour viser le top 8 et les huitièmes de finale automatiques.

    Luis Enrique pourra compter sur les retours d’Achraf Hakimi et Marquinhos, mais City arrive au Parc des Princes dans une forme étincelante, prêt à décrocher les trois points nécessaires. « C’est notre match le plus important de la saison », a admis Enrique. « Avec ce nouveau format, personne n’aurait imaginé que City et le PSG auraient aussi peu de points à ce stade. »

    Le PSG devra ensuite se rendre à Stuttgart, un déplacement périlleux contre une équipe en quête de qualification.

  • FBL-EUR-C1-PSG-TRAININGAFP

    Une nouvelle humiliation en vue ?

    La pression sera immense mercredi soir au Parc des Princes. Et si l’histoire récente nous enseigne quelque chose, c’est que cette pression n’a jamais bien réussi au PSG. Le club, malgré des investissements colossaux, semble toujours vaciller face aux grandes attentes européennes.

    L’idée que le PSG puisse quitter la Ligue des champions dès la phase de groupes est tout simplement inimaginable pour un club de cette envergure. Pourtant, les faits sont là : cette équipe, censée représenter le summum du football européen, se retrouve dans une position où une seule contre-performance pourrait réduire à néant leurs espoirs.

    Pour les supporters, cela signifierait non seulement un échec sportif, mais aussi une remise en question profonde de la direction prise par le club ces dernières années. Le projet basé sur la jeunesse, bien qu’audacieux, est-il compatible avec les ambitions immédiates d’un club comme le PSG ?

    Une élimination pourrait également avoir des répercussions bien au-delà du terrain. Elle fragiliserait encore plus la position de Luis Enrique, mettrait en doute les choix stratégiques de Luis Campos et, pire encore, ternirait l’image du PSG en Europe. Cela pourrait être un tournant, pas seulement pour cette saison, mais pour l’avenir du club tout entier.

    L’histoire du PSG en Ligue des champions a toujours été un mélange de grandes promesses et de désillusions. Mais cette fois, l’humiliation pourrait atteindre un tout autre niveau. Une chose est sûre : tout le poids du passé pèsera sur les épaules des Parisiens au coup d’envoi. Et dans ce genre de situations, les mauvaises surprises ne sont jamais loin.