"Aucun ADN", coach "sans idée" : voyage au cœur du chaos allemand

Au cœur de la tempête, un homme : Julian Nagelsmann. Son 25e match à la tête de la sélection pourrait être l'un des plus importants. Accusé "d'être absolument sans idée" par les supporters, critiqué pour ses expérimentations tactiques qui rendent l'équipe vulnérable, le jeune coach est sous une pression immense. Même l'influent Uli Hoeneß, tout en le défendant, a glissé une critique acerbe : "Il essaie trop". Nagelsmann, lui, refuse de "compromettre ses principes" et assure ne "pas avoir peur" pour son poste. Pourtant, ses mots trahissent l'urgence de la situation. Il promet des "changements radicaux" dans son onze de départ, n'hésitant pas à mettre sur le banc des cadres comme Kimmich ou Rüdiger, et lance un avertissement à ses joueurs : "Ceux qui ne sacrifient pas leur vie pour l'Allemagne n'ont pas leur place." Un discours martial pour tenter de masquer une fébrilité palpable.

La crise a réveillé les anciennes gloires, et leurs mots sont d'une rare violence. "Je ne détecte plus aucun ADN dans l'équipe nationale allemande",a fustigé Lothar Matthäus, icône parmi les icônes, regrettant une équipe qui "a perdu son identité". Bastian Schweinsteiger, autre monument, a été plus subtil mais tout aussi cinglant : "J'ai joué 121 matchs pour l'Allemagne, il n'y a jamais eu de problème d'attitude." Une manière polie de dire que la génération actuelle manque de mentalité. Même Rudi Völler, le directeur de la fédération, a qualifié la performance en Slovaquie "d'amateur". Ces critiques venues du passé glorieux de la Mannschaft ne font qu'amplifier le malaise d'une nation qui ne se reconnaît plus dans son équipe.

Sur le terrain, le constat est sans appel. La défense, menée par un Antonio Rüdiger en difficulté, est jugée "dépassée". L'attaque, privée de son joyau Jamal Musiala, manque de mordant. Mais au-delà de la technique, c'est l'engagement qui a fait défaut. "Totalausfall" – échec total – titre la presse, pointant un manque de passion et d'agressivité. Les joueurs semblent perdus, incapables de réagir, et la défaite en Slovaquie a été vécue comme une capitulation mentale. La pression est désormais maximale. Une nouvelle contre-performance face à l'Irlande du Nord, et c'est une série de quatre défaites consécutives qui se profilerait, une première depuis plus d'un siècle.

L'Allemagne joue donc bien plus que trois points ce dimanche. Elle joue pour son honneur, pour chasser les doutes (comme l'a dit Nagelsmann) et pour éviter une crise historique. L'Irlande du Nord, en confiance après sa victoire au Luxembourg, arrive sans complexe, prête à exploiter les failles d'un géant aux pieds d'argile. L'ambiance est lourde, le pays retient son souffle. Pourtant, dans ce chaos, un clin d'œil de l'histoire peut redonner un peu d'espoir. La dernière fois que l'Allemagne a été humiliée de la sorte en qualification pour un Mondial, c'était en septembre 2001, un soir de déroute 1-5 face à l'Angleterre à Munich. Neuf mois plus tard, elle était en finale de la Coupe du Monde. Parfois, les plus grandes renaissances naissent des plus profondes humiliations.