Cristiano Ronaldo Real MadridGetty Images

CLASICO | Real-Barça, des dynamiques inversées depuis l'été

Ah le Clasico, le plus grand match du monde. L'Establishment contre la contestation, le pragmatisme contre le dogmatisme, l'empire contre les rebelles, voire les Ewok. Car oui, le Barça jouit traditionnellement d'un capital sympathie plus important que son auguste concurrent, même si au final, structurellement (les deux clubs appartenants à des Socios) et compétitivement, les deux institutions sont très proches.

Si proches, pourtant si loin

Proches et loin à la fois. Le Real était au zénith l'été dernier et se retrouve au nadir de ses ambitions dès décembre, car il ne faut pas s'y tromper. Pour Madrid, c'est un tournant, alors que pour le Barça, c'est un choc contre le 4e de Liga qu'il faut gagner pour partir en vacances l'esprit tranquille. Messi l'a bien résumé mardi : "Le Real n'est pas second". Si les deux clubs se croisent pour la première fois sur le pré en Liga, ils l'ont déjà fait en Supercoupe d'Espagne en début de saison, puis plus tard dans l'ascenseur de leurs ambitions, avec un Barça grimpant les échelons et le Real les dégringolant. Tous les deux à grande vitesse.

Barça, quand Suarez évoque une possible association avec Griezmann

À l'orée de cet affrontement entre deux clubs aux antipodes, il convient de se demander comment ils en sont arrivés là. Comment le Barça, à qui on promettait de passer sous les fourches caudines cet été après sa défaite nette face au Real en Supercopa et un mercato lui attirant les moqueries sur les réseaux sociaux et dans la presse spécialisée, est désormais leader invaincu en Liga et qualifié à la pemière place de son groupe de Ligue des champions, tandis que le Real s'accroche comme il peut au wagon de tête en championnat et n'a pu suivre le défilée des grosses écuries en C1 qu'en prenant un strapontin derrière Tottenham.

Même Paulinho, égérie d'un mercato prétendument raté du Barça avec un transfert depuis la Chine, a  marqué plus en Liga cette saison que Cristiano Ronaldo, pourtant fer de lance de l'attaque merengue et accesoirement Ballon d'Or 2017. Paulinho, symbole du mercato de seconds couteaux du Barça lors de l'été, était arrivé en lieu et place d'un Verratti annoncé en grande pompe par tous les médias espagnols. On parlait même à l'époque de troisième choix derrière le Niçois Jean-Michael Seri... Idem pour Ousmane Dembélé, arrivé après l'échec du dossier Coutinho et suite au départ de Neymar, lequel avait déclenché moult railleries dirigées envers la cellule de recrutement Blaugrana. Le directeur sportif Robert Fernandez et Albert Soler, directeur des sports professionnels du Barça, avaient même dû organiser une conférence de presse explicative évoquant les différents échecs de l'été. 

Luis Suarez Lionel Messi Paulinho BarcelonaGetty

Soler a fini par partir, idem pour le négociateur en chef Raul Sanllehi. Les mauvaises vibrations de l'avant-saison ont fait trembler jusqu'au fauteuil du président Bartomeu. Mais le navire Barça a tangué, il a su maintenir le calme et voguer sur une mer d'huile, avec un Paulinho s'péanouissant dans le dispositif pragmatique de Valverde, un Messi plus inspiré que jamais et un Suarez qui commence à retrouver des couleurs sans oublier un Ter Stegen absolument titanesque et un Jordi Alba à la hauteur. Les prolongations de Messi et d'Iniesta ont ramené de la sérénité au sein du vestiaire et Barcelone n'a même pas été ébranlé par la blessure longue durée d'Ousmane Dembélé, ni celle d'Umtiti en défense.

En face, craignant sans doute que la corne d'abondance ne se transforme en abondance de cornes, Zinedine Zidane a fait le ménage dans son effectif avec les départs des précieux James Rodriguez et Morata, sans oublier Pepe ou encore Danilo. Si certains de ses départs sont justifiés, dire que leurs remplaçants n'ont pas été à la hauteur de l'apport incontestable de leurs illustres devanciers relève d'un candide euphémisme. Le Real s'en est forcément trouvé affaibli, d'autant que les blessures s'en sont mêlées.

Nacho, au mieux remplaçant en défense centrale la saison dernière, a déjà joué à tous les postes de l'arrière-garde cette saison. Vallejo n'a pas (encore ?) l'étoffe d'un Pepe, Mayoral est prometteur, mais n'est pas Morata, Ceballos ne joue pas suffisamment pour qu'on puisse le comparer à James et Theo Hernandez ou non, Marcelo n'est pas remplaçable. Et si l'on considère que Mayoral supplée Morata, alors qui remplace Mariano Diaz dans l'effectif ? 

Cristiano Ronaldo Real MadridGetty Images

En plus des blessures -Gareth Bale a passé trois mois sur le flanc et ne devrait même pas débuter face à Barcelone- et de la grosse suspension de Cristiano Ronaldo pour 5 matches en début de saison, le Real a souffert d'un gros manque d'inspiration de ses attaquants notamment en Liga et notamment à domicile. On peut gloser à loisir sur l'arbitrage, la malchance ou l'alignement malséant des planètes, il faut admettre que Benzema comme Ronaldo n'ont pas été au niveau en début de campagne.

Idem pour le fameux trio Modric-Kroos-Casemiro, qui commence néanmoins à redevenir la triplette de rouages bien huilés qui faisaient tourner l'ensemble de la machine madrilène à plein régime. Et Zidane a réagi lui aussi, stoppant les expérimentations impromptues et abandonnant son diamant pour repasser à un 4-4-2 plus équilibré et direct. Bref, le Real auquel on promettait les étoiles en début de campagne s'accroche pour être encore dans le coup à la trêve. Il n'a pas le choix, s'il ne veut pas être enterré vivant par le Barça et vivre une saison éclairée au néant. 

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