Bingourou Kamara France U21Getty

ENTRETIEN - Bingourou Kamara : "Je dois prouver à tout le monde, à moi y compris"

Bingourou Kamara (20 ans) retrouvait Clairefontaine la semaine dernière avant le premier match des Bleuets dans les éliminatoires pour l'Euro Espoirs, ce mardi, face au Kazakhstan (18h30). Un moment agréable pour l'ancien pensionnaire de l'INF et nouveau gardien de Strasbourg qui s'est confié sans filtre sur ce qu'il définit aujourd'hui comme son QG.

Espoirs - Terrier et Boscagli en renfort

On vous retrouve à Clairefontaine, un endroit particulier pour vous qui êtes passé par l'INF...

Bingourou Kamara : C'est toujours spécial de revenir ici. Comme on dit, c'est le QG. J'y ai fait deux ans, c'était la première fois que je quittais ma famille. Quand j'arrive à Clairefontaine, je vois les petits. À chaque fois, j'essaye de ramener quelque chose, un maillot ou autre. Et j'essaye de passer voir les coaches, comme Monsieur Raviot (l'entraîneur des gardiens de l'équipe de France A, ndlr) qui était notre entraîneur à l'époque.

Aujourd'hui, vous n'êtes plus le petit Bingourou, vous êtes en Espoirs et c'est un peu la récompense de votre travail...

C'est une récompense, oui et non parce qu'on travaille pour être appelé. On a pour objectif de se qualifier pour l'Euro et être dans ce groupe, c'est important. Plus les années passent, mieux ça se passe pour moi. Je donne le maximum, je suis assez régulièrement appelé et c'est forcément positif.

Ce n'est que le deuxième rassemblement de Sylvain Ripoll, avec un groupe légèrement différent du premier, sentez-vous l'équipe prête au combat ?

Oui, parce que pour la plupart on joue dans des clubs de haut niveau. Ici, tout le monde se connaît. On est à peu près tous de la même génération et il y a une forme de complicité qui se crée naturellement. Cette qualification, ça va être un combat sur chaque match.

Vous avez conscience qu'après l'échec de vos aînés, une nouvelle désillusion serait difficile à avaler...

La France doit se qualifier, c'est sûr. Les gens fondent beaucoup d'espoirs sur nous, comme pour les générations précédentes. On se doit de répondre à ces attentes pour se qualifier à l'Euro et si on fait tout pour, ça devrait bien se passer.


"Personne ne doit se sentir supérieur ou inférieur aux autres"


Trouvez-vous cette génération plus homogène que la précédente ?

Pour avoir eu la chance d'être allé en Espoirs avec les Mendy, Tolisso, Rabiot, je peux dire qu'il y avait beaucoup, beaucoup de gros joueurs. Mais ici aussi il y a des bons joueurs. Je ne sais pas si l'équipe est plus homogène. Je pense que c'est comparable.

Lors du dernier rassemblement, Florian Escales et Maxence Prévot étaient appelés à vos côtés, là vous êtes accompagné d'Alban Lafont et Paul Bernardoni, cela change-t-il quelque chose ?

Avec Flo (Escales), on a fait toutes nos sélections ensemble. On avait des automatismes, mais ça ne change pas grande chose. Alban et Paul sont deux très bons gardiens. Lafont est très jeune. Il montre beaucoup de maturité en Ligue 1 et Bernardoni c'est pareil. Il a joué en Ligue 1, là il est prêté en Ligue 2 (Clermont) et ça se passe très bien pour lui. Personne ne doit se sentir inférieur ou supérieur aux autres. L'état d'esprit est bon et on va bien bosser.

Vous découvrez la Ligue 1 après eux, cette saison, finalement vous avez encore tout à prouver...

La Ligue 1, ce n'est pas la Ligue 2. Je dois toujours prouver, que ce soit au club (Strasbourg) qui m'a recruté, au coach (Thierry Laurey) qui voulait me faire venir, au président (Marc Keller) qui a tout fait pour que je vienne. Je dois prouver à tout le monde. Même à moi, tout le temps. C'est la succession de bons matches qui me maintient dedans.

France U21

Il n'y a pas si longtemps, malgré vos qualités, certains ont pu dire que vous étiez un "gardien tout ou rien", vous confirmez ?

J'avais ce sentiment là aussi, mais aujourd'hui je ne l'ai plus. À Tours, j'ai eu une période difficile. Je devais partir (à Rennes il y a plus d'un an, ndlr) et je ne suis pas parti. J'étais un peu ailleurs. Je me suis cassé la main et j'en voulais au club de la manière dont ça s'était passé. Je suis quelqu'un d'entier et je n'arrivais pas à faire semblant. Mais avec du recul, j'étais encore jeune dans ma tête. J'avais pris les choses trop à cœur.

Comment avez-vous réussi à sortir de cet engrenage ?

Je voulais tellement découvrir la Ligue 1 que je me suis dit qu'il fallait repartir de zéro. J'ai tout repris depuis le début, comme si je n'avais jamais joué, et tout s'est bien passé ensuite. Je ne vais pas dire que je ne travaillais plus, mais je travaillais moins et je me suis remis au boulot. J'étais plus ponctuel, plus sérieux, plus appliqué, plus motivé. Je motivais plus mes partenaires. C'est revenu tout seul.


"Je n'ai pas peur de prendre un crampon dans la tête"


Revenons justement sur vos débuts "tardifs" comme gardien de but, avez-vous le sentiment d'avoir raté des étapes à cause de cela ?

Pas du tout. On va dire que c'est le destin qui l'a voulu. Si j'avais dû être attaquant, j'aurais été attaquant. Si j'avais dû être avocat, j'aurais été avocat. Là, je suis gardien. C'est sûr que j'ai encore beaucoup d'étapes à franchir, mais je ne pense pas en avoir raté, surtout que j'ai pris le virage à 10 ans. Et à cet âge-là on joue un peu à tous les postes.

Votre gabarit est l'un de vos atouts aujourd'hui, ça l'a toujours été ?

Beaucoup de gens disent ça, mais quand j'étais à l'Institut, à Clairefontaine, j'étais vraiment petit. Vous me croirez ou non, mais j'ai poussé en un été. C'était quand je passais en 19 ans. Là, j'ai pris beaucoup de centimètres.

Un mot sur votre style, parfois "kamikaze" pour un gardien de but...

Il est atypique (rires). On me l'a souvent dit. Mes arrêts "kamikaze", je les fais un peu sans réfléchir. On va dire que je fais au mieux, mais ce n'est pas systématique.

Pour vous, c'est un défaut ou une qualité ?

Je pense que c'est plus une qualité parce que ça surprend un attaquant. Je n'ai pas peur de prendre un crampon dans la tête, surtout s'il n'y a pas but derrière. Au pire, j'aurais trois points de suture, ça se réparera vite. C'est ma force.

Propos recueillis par Benjamin Quarez, à Clairefontaine

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