Martin Terrier Goal Opta

Du talent méconnu de Lille à la future recrue de l'OL : comment Terrier a explosé à Strasbourg

Martin Terrier n’avait eu droit qu’à 248 minutes de temps de jeu cumulées sur 11 matches de Ligue 1 la saison dernière à Lille mais Thierry Laurey et les dirigeants strasbourgeois en avaient vu assez pour croire à la réussite d’un prêt. Auteur de premiers mois très réussis en Alsace (3 buts, 2 passes décisives), le natif d’Armentières s’est également signalé en équipe de France Espoirs avec un triplé lors de sa première sélection et un total de 7 buts inscrits en 5 capes seulement. Des chiffres qui ont convaincu l’OL de se pencher en avance sur un dossier qui devrait se décanter dans les prochains jours avec la validation de l’opération de son transfert de Lille à Lyon tout en restant au RCSA pour y achever la saison. En un peu moins de cinq mois, l’attaquant de 20 ans a fait parler un talent naturel qui l’amènera, dès la saison prochaine, vers les hautes sphères du championnat.

Renforcer ses qualités naturelles

Martin Terrier n’a pas vraiment le profil du joueur besogneux. Et pour cause, le jeune joueur du RCSA a surtout gravi les échelons grâce à un talent très vite détecté. "Martin a toujours eu les qualités que l’on voit aujourd’hui, explique Mickaël Foor, un de ses anciens éducateurs lillois. Depuis tout jeune il était au-dessus de la moyenne techniquement et il était en avance tactiquement parce qu’il jouait avec justesse pour le collectif". Depuis le début de la saison, la simplicité et l’aisance de ses mouvements combinées à son efficacité devant les buts en font une des grandes révélations de Ligue 1. Pourtant, rien n’est vraiment nouveau concernant le potentiel de l’ancien lillois qui l'exploite avec régularité dans une forme qui perdure depuis plusieurs semaines. "C’est un joueur qui à la base a l’instinct du buteur avec des facilités dans la surface, témoigne en privé un de ses actuels coéquipiers à Strasbourg. Lors des exercices devant le but, c’est un calvaire pour les gardiens. Il est très adroit techniquement et il masque bien ses intentions. En ce moment à l’entraînement, c’est du 95% de réussite sur tout ce qu’il tente".

Martin Terrier Goal Opta   
*Ces 3 schémas représentent les ballons touchés par Martin Terrier lors de ses trois dernières titularisations face à Bordeaux (1), Metz (2) et Dijon (3).

Martin Terrier est un attaquant complet qui se singularise par une capacité à se trouver tout aussi bien au début qu’à la fin de l’action. Son placement – qu’il soit aligné en pointe ou excentré un cran plus bas – présente une variation équilibrée qui témoigne de sa volonté de défendre autant que d’attaquer. Une polyvalence naturelle qui permet à son entraîneur Thierry Laurey de ne s’attarder pratiquement que sur des détails concernant le contenu purement technique de ses performances. "Le coach lui donne beaucoup de conseils sur les courses pour qu’il se retrouve dans les bonnes positions. Quand il lui parle, c’est plus sur son placement, à quel moment faire quelle course", reprend un proche. Des conseils bien adaptés pour un joueur qui, dans le jeu, n’est autre que le second créateur d’occasions derrière Jonas Martin.

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Une évolution mentale plus que technique

Pour comprendre l’éclosion à grande vitesse de Martin Terrier, l’aspect mental revêt semble-t-il une plus grande importance. Comme tous les joueurs ayant franchi les caps essentiellement grâce à leurs facilités techniques, les carences se sont logées ailleurs. "Martin a toujours performé quand son équipe fonctionnait. À l’inverse, il avait tendance à s’effacer lorsqu’il devait se faire violence, se souvient Mickaël Foor. Une conséquence directe du confort dans lequel il s’est longtemps épanoui avant de partir à l'aventure. "À Strasbourg, il s’est éloigné de son cocon et a grandi avant tout en tant qu’homme, analyse son ancien éducateur. La conséquence, c’est que le joueur a vraiment pris confiance en lui". Sensible à l’environnement dans lequel il évolue, deux événements ont réellement contribué au processus de son développement et à sa montée en puissance. "Tout d’abord Thierry Laurey a vraiment beaucoup insisté pour l’avoir cet été. Martin s’est tout de suite senti en confiance et ça a été le premier déclencheur qui lui a permis de se désinhiber, explique Mickaël Foor. Le second a eu lieu loin de Strasbourg, du côté de Clairefontaine.

Au tout début du mois de septembre, Martin Terrier espérait figurer dans la liste de Sylvain Ripoll chez les Espoirs pour faire suite à ses premiers pas en équipe de France U20. "Quand il a vu qu’il n’y était pas, il était dégoûté, explique un de ses coéquipiers au RCSA. Je lui ai dit de continuer, d’être patient et que tout finirait par arriver". Il n’aura fallu attendre que quelques jours pour que, finalement, un élément inattendu (le renvoi de Jean-Kévin Augustin, ndlr) lui donne sa chance. Appelé en remplacement du buteur de Leipzig, Martin Terrier claque un retentissant triplé qui va servir de propulseur. "Ça lui a montré qu’il pouvait réussir ailleurs que chez lui, dans un contexte différent et sous la pression", détaille Mickaël Foor. Un déclic de confiance qui le porte encore aujourd’hui au moment de retrouver son ancien club en Coupe de France puis en championnat le week-end prochain. Un club qui n’avait pas réellement parié sur lui et qui devrait officiellement le compter très bientôt parmi les plus belles ventes des joueurs de son cru. Car Martin Terrier est une nouvelle fois appelé à réussir ailleurs, à l'OL, en augmentant la pression encore d'un cran. 

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