"Le coach a eu le nez creux." D'abord sceptique, comme tous les observateurs, Bouna Sarr doit se rendre à l'évidence. L'idée de Rudi Garcia de repositionner le milieu offensif droit en tant que latéral est un coup de génie. Elle avait germé dans l'esprit de l'entraîneur de l'Olympique de Marseille l'été dernier lorsqu'il lui a fallu trouver une doublure à Hiroki Sakai, le titulaire du poste. Sans recrue, Garcia a convaincu Bouna Sarr de reculer pour mieux avancer. Aujourd'hui, personne ne le regrette. Le Franco-Guinéen, recruté en 2015 pour 1,5 million d'euros car il avait tapé dans l'oeil de Marcelo Bielsa, enchaîne les performances en défense. Au point de devenir plus qu'une solution de rechange mais un vrai candidat.
La blessure de Jordan Amavi, combiné au départ de Patrice Evra, l'a propulsé dans le onze car Hiroki Sakai a basculé à gauche. Sarr vient d'enchaîner six titularisations consécutives avec à chaque fois des prestations convaincantes dont notamment celle face à l'AS Monaco. Sarr a su saisir sa chance. A tel point que l'OM n'a pas jugé utile de recruter pour son couloir gauche en vue de la seconde partie de saison.
"Bouna a fait de très bonnes prestations. Il doit encore confirmer, explique Rudi Garcia. J’ai toujours pensé qu’il avait les qualités pour bien figurer là. Mais il ne faut pas qu’il se relâche. Il a envie de réussir dans ce club. S’il réussit, je pense que ce sera à ce poste-là. On en avait parlé ensemble, je pense qu’il a une carrière de latéral droit de très bon niveau, voire plus, devant lui. Mais il faut être régulier, continuer à apprendre. C’est encore un jeune latéral droit mais pour l’instant, il est très satisfaisant."
"Bouna Sarr est une machine de guerre."
Formé à Metz dans une position offensive où ses qualités de vitesse faisaient des ravages, Bouna Sarr fait preuve de rigueur et de discipline. Le néo-latéral doit encore travailler énormément sur le placement et les duels car provoquer un adversaire balle au pied dans le camp adverse n'a évidemment rien à voir avec sa nouvelle fonction où il doit bloquer son rival dans son camp. "Ça ne m’a jamais dérangé de défendre, assure Sarr. Ce que j’aime bien dans ce poste c’est de pouvoir partir de loin. Me projeter de loin, arriver lancé, à pleine vitesse. C’est surtout à ce niveau-là que je prends du plaisir." Ses qualités physiques font le reste. Bouna Sarr figure en haut de tous les tests réalisés à l'OM. Paolo Rognoni, le préparateur physique, estime que c'est "un vrai athlète, sûrement le plus complet de l’effectif. Une machine de guerre." Sarr est le joueur le plus rapide de l'effectif, une sorte d'Usain Bolt olympien.
Alors qu'il entame à 26 ans une nouvelle carrière, sa marge de progression est forcément immense. "Bouna a une bonne qualité de centre et peut marquer des buts. J’espère qu’il aura la même trajectoire qu’Alessandro Florenzi que j'ai connu à la Roma, affirme Rudi Garcia. Bouna progresse, on l’a fait bosser sur les phases défensives, la tactique, le placement. C’est un garçon intelligent, cela se passe plutôt bien mais il faut être régulier aussi." Ce n'est pas un hasard si Claude Puel a approché l'OM durant le mercato pour enrôler Bouna Sarr. Une offre de 3 millions d'euros a même atterri sur le bureau de Jacques-Henri Eyraud. Refusée. "C'est une récompense parce que j'ai que 10-15 matchs à ce poste. Je n'ai que 6 mois de formation. Mais ça prouve que je bosse bien, c'est encourageant", indique le joueur qui se focalise sur l'OM. Après deux saisons très délicates (18 titularisations en L1), l'incroyable reconversion de Bouna Sarr est autant une divine surprise. Un bel avenir s'ouvre à lui. Peut-être pas celui qu'il envisageait en débarquant à Marseille. Mais aujourd'hui, plus personne n'y pense...
