Inconnu au bataillon il y a un mois en-dehors des suiveurs au quotidien des Marine et Blanc, Jules Koundé est parvenu à mettre le doute dans l’esprit de son entraîneur, Gustavo Poyet. Après une nouvelle prestation convaincante face à Lyon, le jeune défenseur central est devenu une alternative plus que crédible à Pablo et Paul Baysse, les deux éléments annoncé pour prendre la succession de Jérémy Toulalan et Vukasin Jovanovic lors de la seconde partie de saison. Au-delà d’être un symbole de la formation bordelaise qui réussit de nouveau à faire éclore un élément, c’est aussi un joueur rodé qui, en quatre apparitions en Ligue 1, a su convaincre les observateurs.
L'OM cartonne, Thauvin rayonne
Bordelais dans l'âme, supporter affirmé
Né à Paris en 1998, Jules Koundé file rapidement vers le Sud-Ouest. Il débute à l’âge de 6 ans à la Fraternelle de Landiras où il a passé 4 ans puis tour à tour à Céron (2008-10), La Brède (2010-13) avant d’atterrir à Bordeaux en 2013. Il grandit notamment à l’ère des Gourcuff-Chamakh et son affection pour les Girondins se concrétise rapidement. À l’heure où de plus en plus de jeunes joueurs quittent leur clubs de coeur pour se découvrir soudainement une nouvelle affection pour une autre équipe, Koundé n’est pas de cette nature. Fidèle, il signe logiquement son premier contrat professionnel le 10 octobre dernier, pour quatre saisons, en même temps que Zaydou Youssouf, l'un de ses grands amis du centre de formation.
Un détail intrigue pourtant quand on regarde le joueur de 19 ans : son gabarit. Dans un championnat où les duels priment, Jules Koundé et son mètre 78 apparaissent presque comme une anomalie. Pourtant, selon Jean-Luc Godon, son entraîneur chez les U19, cette différence de taille ne l’a jamais gêné dans sa progression dans les catégories de jeunes. "À partir du moment où il a le timing et la détente, on sait qu’on peut compter sur lui. Il possède une bonne science du placement et a une solide détente verticale. Contre Caen par exemple, je ne l’ai pas vu perdre un duel. Ce n’est pas un hasard."
Pourtant ses premiers clients en Ligue 1 n’étaient pas des novices ni des tendres. Être lancé dans le grand bain face à Ivan Santini, Emiliano Sala ou encore Mariano Diaz a permis au stoppeur de vérifier ses acquis. Déterminant dans cette nouvelle phase des Bordelais, Koundé veut aider avant tout et ne pas voir les projecteurs braqués sur lui. "C’est un garçon qui ne panique pas, affirme Jean-Luc Dogon. C’est un compétiteur qui sait rester dans son match, il a peu de fautes de concentration. Jules a été appliqué dans des situations difficiles mais c’est là qu’on voit ceux qui ont du caractère, du répondant. Pour un jeune c’est essentiel." Si défensivement les qualités sont là, dans l'utilisation du ballon le joueur d'origine béninoise ne se montre pas maladroit et sait même quand temporiser. Une relance affinée qui a notamment permis à Bordeaux de ne pas subir face au bloc haut de Lyon, lors de la 23e journée.
Getty Images"Mature, abordable et lucide"
Caractériel et agressif dans le bon sens du terme sur le terrain, celui qui évoluait encore en Nationale 3 il y a deux mois renvoie une toute autre image en-dehors des terrains. Alexandre Poirier le connaît bien pour l’avoir côtoyé longtemps au sein de la réserve et des équipes de jeunes des Girondins. Fondateur du site FormationGirondins.fr qui relaye toute l’actualité des jeunes pousses du Haillan et de l’équipe B entraînée désormais par Mathieu Chalmé, il met en avant la personnalité de Jules Koundé, disponible et généreux. "Malgré son âge précoce pour ce poste, il est déjà très mûr et mature. Il se montre très abordable et tente toujours d’avoir du recul sur sa prestation mais aussi celle de son équipe. C'est quelqu'un de lucide. On espérait même le voir plus tôt en équipe première car en réserve il maîtrisait son sujet, mais de tels débuts en Ligue 1, avec cette constance, il y a de l’étonnement oui." Jean-Luc Dogon évoque même quelqu'un de "chambreur, qui a su s'affirmer dans sa personnalité saison après saison dans le vestiaire."
Pour valider cette éclosion, il fallait l’appui de Gustavo Poyet, le technicien qui a remplacé Jocelyn Gourvennec après l’intérim d’Éric Bedouet. En conférence de presse avant le déplacement à Strasbourg, le technicien sud-américain a loué les qualités de son joueur en insistant notamment sur le paradoxe lié à son âge. "Je suis impressionné par Jules Koundé. C’est un joueur qui est rentré dans le groupe dans une situation vraiment compliquée et quand même… Tu ne peux pas affirmer qu’il n’a que 19 ans, c’est incroyable. Je l’ai dit le premier, je ne regarde pas son âge. Pour moi c’est la même chose qu’il ait 17-18 ans ou 34 ans. Il faut qu’il continue comme ça." Floqué du numéro 31, Jules Koundé n’avance plus masqué désormais. Dans un club qui a toujours su donner sa chance aux jeunes, le défenseur central n’a pas été en retard au moment de la distribution de ces opportunités.




