Le milieu de terrain français Eduardo Camavinga donne une conférence de presse au stade Jassim-bin-Hamad à Doha, le 20 novembre 2022.FRANCK FIFE/AFP via Getty Images

EXCLU GOAL - Equipe de France : "Remplaçant ? Je ne veux pas avoir ce statut toute ma vie", affirme Eduardo Camavinga

Voir son nom dans la liste, savoir s’il allait participer à la Coupe du monde, il y avait comme une excitation chez Eduardo Camavinga ce mercredi 9 novembre. « J’étais devant la télévision à 19h58 précisément », confie-t-il, heureux d’être là, avouant dans un sourire que l’attente jusqu’à 20h30 a pu être longue. « Il y a eu beaucoup d’informations… ». Pour Goal, le milieu du Real Madrid revient sur cette convocation, son statut de remplaçant de luxe dans le plus grand club du monde et sa polyvalence dans l’entrejeu. Il explique aussi comment la campagne victorieuse en Ligue des champions pourrait lui être utile pour ce mondial, alors qu'il est pressenti pour démarrer contre la Tunisie au poste de latéral gauche.


Vous êtes aujourd’hui avec l’équipe de France pour la Coupe du monde. Peut-on parler d’une surprise car vous êtes régulièrement sur le banc au Real Madrid ? 

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Non, je ne dirais pas que j’étais surpris mais j’avais tout de même des doutes. Je ne savais pas vraiment si j’allais être sélectionné. Mais j’étais en mode confiant. Forcément, il y avait des absents et cela m’a permis de revenir ici. Et quand mon nom est sorti dans la liste, j’étais très heureux. 


Ce statut de remplaçant avec en club est-il pesant ?

C’est sûr que j’aimerais jouer tous les matchs. Il y a une réalité au Real Madrid : il y a du beau monde devant moi. Je ne peux pas dire que je le vis bien parce qu’être sur le banc ce n’est pas agréable non plus. Il faut prendre son mal en patience.


On parle beaucoup du fait que vous êtes plus performant en sortie de banc…

Je n’ai pas vraiment d’explications. Quand j’entre, je n’ai pas forcément le temps de penser à ce que je vais faire, je donne le meilleur pour aider l’équipe. C’est sûr que l’an passé, j’ai beaucoup aidé en tant que remplaçant, je le sais. 

"Le match de City ? j’ai toujours des frissons quand je le regarde"


Dans ce rôle, lors des matchs de Ligue des champions contre Manchester City ou Chelsea, on a vu un  Eduardo Camavinga, très énergique, qui faisait de bon choix, avait de l’agressivité aussi dans les duels et les replis défensifs. Est-ce que l’on a vu la meilleure version de vous ce soir-là ? 

Au moment où j'entre, on était menés et je réussis à être décisif. Ça doit faire partie de mes meilleurs matchs. Mais après vous ne regardez pas tous mes matchs…


Oui, mais la C1, Manchester City et Chelsea… c’est le très haut niveau

C’est sûr mais les gens vont se baser sur ces rencontres-là et ne vont pas regarder les matchs que j’ai fait avant. Mais évidemment que l’entrée contre City fait partie de mes meilleurs matchs depuis que je suis au Real Madrid. J’ai revu quelques passages, j’ai toujours des frissons quand je le regarde.

Sur le terrain, vous réalisez ce qui est en train de se produire à ce moment-là ? 

Notre première « remontada » se passe lors du match contre le PSG. Donc quand on met ce but-là (celui de Rodrygo, dont il est à l’origine lors du match retour face à City), on savait que l’on allait revenir. On a eu un gain de force, un gain de puissance avec le public. Ça a été le déclic, le déclencheur de cette « remontada ».


Et contre Chelsea ? 

C’est la même chose que contre City. On perdait et on a senti ce gain de puissance après avoir marqué le but et ensuite on enchaîne. Pour ma part, j’avais un gain de motivation en plus parce qu’on était éliminé à ce moment-là. Et le fait d’entrer, de tout donner et que l’on marque rapidement, ça donne un gain d’énergie. 


Que ce soit contre le PSG, Chelsea ou Manchester City, votre entrée se fait alors que le Real Madrid est mené et virtuellement éliminé. Est-ce ce qui explique que vous lâchiez les chevaux ? 

Non pas forcément. Je ne suis pas dans la retenue en règle générale. Si j’entre et que l’on gagne, ça aurait forcément été un style de jeu différent. On aurait cherché à garder le ballon pour essayer de conserver le résultat et à bien défendre. A partir du moment où on perd, le plus important c’est d’aller de l’avant. Je ne suis pas dans le calcul en me disant : «ah on perd, je vais plus lâcher les chevaux ». Même quand j’entre et que l’on gagne, il faut justement que je lâche les chevaux pour aider l’équipe à gagner.

"Mon poste favori ? En position de 6 devant la défense"


Pouvez-vous nous décrire la meilleure version de vous-même ? 

C’est de récupérer énormément de ballons, de jouer vers l’avant, de dribbler, prendre des risques et gagner des duels. 


Dans ce registre-là vous avez de bons exemples à Madrid ?

Je peux jouer à plusieurs postes donc je m’inspire de plusieurs joueurs. Casemiro gagnait énormément de duels défensifs. Modric est aussi capable de gagner des duels défensifs et offensifs, il a une vista, une vision du jeu et un extérieur du pied aussi. Kroos a une importance dans le jeu avec sa qualité de passe incroyable.


Ce qualificatif de ce remplaçant de luxe vous convient-il ? 

Quand on est footballeur, on veut jouer tous les matchs. Je ne veux pas dire que c’est dérangeant mais il faut prendre son mal en patience. Moi je ne veux pas avoir ce statut toute ma vie. Après il faut se rendre à l’évidence qu’il y a beaucoup de monde devant moi. Il faut apprendre d’eux et ensuite mon heure viendra. 


Comment justement sortir de ce statut ? Cela passe-t-il par une fixation plus précise à un poste ?

Tout simplement, avec des performances sur le terrain qui vont m’amener à être titulaire. Être polyvalent, c’est forcément un atout. Quand tu es polyvalent, tu as plus de chances de jouer car tu peux évoluer à plus de postes. Après il y a un poste que je préfère...

Lequel ? 

En position de 6 devant la défense. Après, on ne peut tout avoir et il faut aussi s’adapter. 

Mais vous avez aussi des qualités pour faire progresser le jeu qui peuvent vous amener à jouer plus haut…

Oui c’est vrai. J’ai des qualités qui peuvent me permettre de jouer à un autre poste, donc je dirai que ça reste un atout. 

Qu’est-ce qu’il vous faudrait en plus pour se fixer à ce poste de sentinelle ? 

Je pense que je dois être plus stable défensivement et moins me disperser.  

"Je jouerai là où le sélectionneur me mettra"


Didier Deschamps parlait de votre polyvalence, est-ce un point qui vous donne l’espoir d’avoir du temps de jeu durant cette Coupe du monde ? 

Comme je l’ai dit, être polyvalent est un atout, car tu as plus de chances d’être sur le terrain. S’il y a un poste qui est libre, tu peux y jouer, donc c'est un atout. Il faut avoir plus de cordes à son arc pour pouvoir gratter un maximum de temps de jeu. 

Avez-vous eu une discussion avec le sélectionneur pour lui faire part de votre préférence ? Ou vous prenez tout ce qui vient ?  

Non, je n’ai pas encore discuté avec lui et je prends tout ce qui vient. Il faut se mettre à la disposition du groupe, il y a des cadres qui sont là et c’est important de rester à sa place. Après je jouerai là où le coach me mettra. 

Pensez-vous que le fait de jouer dans un club aussi exigeant que le Real Madrid peut vous aider face à des matches sous haute tension comme la Coupe du monde ?

Notre parcours en Ligue des champions a été fait de matchs compliqués avec des rencontres que l’on a su remportées à la dernière minute. Je pense que cela peut m’aider parce que je sais que si l’on perd à un moment, il ne faut pas lâcher. Et que l’on peut renverser des montagnes à n’importe quel moment, même si on perd à la 90e + 2. Ça a été la leçon de notre parcours européen l’an passé.

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