Axel Disasi Equipe de FranceMichael Regan/FIFA via Getty Images

EXCLU GOAL - Axel Disasi : "Pour être appelé en équipe de France, il faut jouer la Ligue des champions…"

Un peu plus de trois mois après une finale de Coupe du monde à laquelle il n'aurait pas dû participer sans le forfait de Presnel Kimpembe, Axel Disasi revient sur ses débuts singuliers en Bleu. Sa première titularisation face à la Tunisie à un poste qui n'est pas le sien, son entrée en finale contre l'Argentine et ce sentiment d'avoir été champion du monde l'espace d'un instant, le défenseur de Monaco nous plonge en détail sur ses premiers pas internationaux. Il évoque aussi sa situation en club et la nécessité de disputer la Ligue des champions pour pouvoir être appelé en équipe de France de façon durable.

Comment apprenez-vous que vous êtes sélectionné avec l'équipe de France, alors que vous deviez partir en vacances…

C'est un lundi matin. Je me réveille et je prépare mes affaires pour les vacances. J'avais un petit briefing à l'AS Monaco, où je devais récupérer une montre connectée avec le programme d'entraînement à suivre durant la période de coupure. J'y vais et au moment où je rentre chez moi pour aller chercher ma famille et mes bagages pour aller à l'aéroport je reçois un appel de Didier Deschamps qui me dit que je suis sélectionné pour la Coupe du monde. Je m'arrête sur le bas-côté de la route pour poursuivre la discussion et le coach me dit qu'il faut que je sois là aujourd'hui. Sur le moment, je suis très content et très fier mais tout de suite il faut s'organiser très vite. Il m'appelle entre 11h et 11h30 et mon vol est à 14 heures, donc je suis rentré chez moi, j'ai annoncé la nouvelle à mes parents puis j'ai jeté ma valise dans ma chambre. Dans l'après-midi, je suis arrivé à Clairefontaine et là, tout ce que j'ai pu voir à la télévision : le château, le vestiaire, les terrains, tout était devant mes yeux. J'étais très fier d'être là.

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Avec cette organisation rapide et une compétition qui arrive vite, l'euphorie n'a pas été très longue ?

Mon euphorie est retombée à partir du moment où j'ai mis un pied sur le terrain d'entraînement. C'était bien beau d'être ici mais il ne fallait pas faire de figuration et montrer au coach qu'il avait eu raison de me prendre parce que je suis ici pour répondre à des exigences. Tout de suite, je me suis concentré et j'ai oublié tout ce qu'il venait de se passer et ça s'est plutôt bien passé. Dans ce genre de cas, il faut savoir vite switcher. Ça fait partie de la vie d'un footballeur professionnel, on peut avoir des émotions mais il ne faut pas oublier l'essentiel. L'essentiel c'est le terrain.

En fait pour vous, tout s'enchaîne très vite car vous démarrez le match contre la Tunisie. Racontez-nous les jours qui précèdent votre première en sélection à un poste qui n'est pas le vôtre (latéral droit).

Le coach me prévient un ou deux jours avant qu'il a cette idée-là en tête parce qu'à Monaco, j'avais déjà disputé cinq ou six matches à ce poste-là et notamment le dernier avant le Mondial. Ce n'était pas non plus une grande découverte. Il me dit aussi qu'il me fait confiance pour pouvoir assurer car il sait que ce n'est pas mon poste de prédilection. Je l'ai pris comme une grande marque de confiance et lorsque le match a commencé avec la Marseillaise, ce sont des moments qui marquent. Ensuite, j'ai joué à fond, j'étais content d'être là. Sur les deux matches de poule que j'avais passés sur le banc, j'avais les jambes qui voulaient être sur le terrain. Première sélection lors d'un Mondial, ce n'est pas anodin. C'est un très beau souvenir que je garderai à vie.

Avant ce match, vous comprenez que le numéro 2 en tant que latéral droit ce n'est plus Benjamin Pavard mais vous et que s'il y a un pépin pour Jules Koundé, vous serez en première ligne ?

Franchement avant ce match-là, ma réflexion n'a pas été aussi loin. Je me suis dit : « Axel, t'es sur le terrain, profite ».

« Au vu des circonstances, il y a ce changement de poste qui me fait me dire que je peux être plus présent que prévu sur le terrain. »

Comment vivez-vous ce premier match en Bleu ?

C'est la première fois que je joue au niveau international, un niveau aussi élevé. Tout va plus vite, l'engagement est plus fort, la concentration doit être au maximum. Et puis tu ressens que t'es observé, qu'il y a un engouement et une atmosphère particulière qui grossit le trait. Dans ma préparation, j'ai mis le curseur au maximum pour pouvoir répondre présent.

Sur quels points ?

En particulier sur ma préparation mentale avant le match. J'ai besoin de vider ma tête, de ne pas penser au football. J'essaie de ne pas trop me prendre la tête en me disant « Axel, ton premier contrôle tu dois faire comme ça ». Je m'éloigne de tout ça et c'est ce qui me permet de me sentir bien au moment du match. J'essaie de me détendre en écoutant de la musique, en regardant des films. Plus je suis loin du football, mieux je me prépare. Et plus on approche du coup d'envoi, plus je me rapproche à nouveau du football.

Et après ce premier match ?

Il faut rester éveillé pour pouvoir répondre aux attentes du coach. Quand je rentre contre la Pologne, et avant même, je comprends que je suis dedans et que je dois être prêt à tout moment parce que l'on peut faire appel à moi. Au vu des circonstances, il y a ce changement de poste qui me fait me dire que je peux être plus présent que prévu sur le terrain.

Et puis il y a cette finale de Coupe du monde où vous jouez quelques minutes. Plus que le très haut niveau, c'est le Graal…

J'étais sur le banc et Mattéo (Guendouzi) devait entrer mais Jules (Koundé) a reçu un coup. Et tout de suite, sans échauffement, on m'a dit : « Axel tu rentres ». J'enlève ma chasuble et boum je suis sur le terrain. Sur le moment, je suis concentré sur le match mais avec du recul c'est ma famille, mes amis qui m'ont dit « est-ce que tu te rends compte que t'as joué une finale de Coupe du monde ? ».

« Je me dis que Randal (Kolo Muani) va la mettre et qu'on va être champion du monde »

Vous ne vous en étiez pas rendu compte ?

Évidemment ! J'en avais conscience mais j'étais dans ma frustration de la défaite. Après quand ils me le font remarquer, je me dis que non seulement j'ai joué la Coupe du monde mais j'ai aussi joué une finale. Il y a de très grands joueurs dans ce sport qui n'ont jamais joué une finale d'un Mondial et moi j'ai eu la chance d'avoir mis un pied sur le terrain. Surtout qu'initialement je devais être en vacances. Quand mes proches me le font remarquer, tout ça revient : le fait que je ne devais pas être là et mon parcours aussi.

Ça vous a aidé à relativiser cette défaite en finale de la Coupe du monde ?

Non, le résultat reste en travers de la gorge mais ça m'a aidé à revenir changé.

Il y a aussi ce moment où Randal Kolo Muani se présente face à Emiliano Martinez et vous levez les bras…

Il y a le dégagement d'Ibou (Konaté), je vois le défenseur argentin se tromper et Randal qui se présente face au gardien. Je me dis « il va le tuer, il va la mettre » et vu le scénario finir comme ça, ça serait tellement fou. Je me dis qu'il va la mettre et qu'on va être champion du monde.

Vous vous êtes vu champion du monde ?

Je me dis qu'on l'est après avoir vécu l'enfer pendant 80 minutes en revenant à 2-2, être mené 3-2, revenir à 3-3. J'avais vécu ça depuis le banc c'était vraiment intense et je me dis ça y est, on va le faire. Je lève les bras mais le gardien sort un superbe arrêt et il faut se reconcentrer car il reste quelques minutes à jouer.

Ce sont des émotions extrêmement fortes, comment avez-vous fait pour repartir de l'avant ?

Vu que c'était ma première expérience en équipe de France, ce passage-là m'a donné beaucoup de force et d'ambitions pour la suite. J'ai eu quatre ou cinq jours de repos et ensuite je suis revenu à Monaco. Pour passer à autre chose, il fallait que je rejoue très vite pour pouvoir vider ma tête et mettre sur le terrain ce que j'ai acquis là-bas.

« Je sens que je passe des caps, je viens d'avoir 25 ans, j'ai envie de connaître le très très haut niveau. »

En arrivant à l'AS Monaco, vous aviez affiché l'objectif d'être en Bleu. Maintenant que vous y êtes revenu pour la deuxième fois comment faire pour s'y installer durablement ?

Il faut être performant en club pour pouvoir revenir ici surtout qu'en sélection, il y a beaucoup de concurrence à mon poste.

Est-ce que cela passe par une nouvelle étape dans un autre club à l'étranger ou Monaco peut encore vous apporter ce qu'il faut pour être en Bleu ?

Déjà grâce à Monaco, j'ai pu atteindre la sélection. Donc sur ce point-là, je suis reconnaissant envers le club. Pour la suite, il y aura une réflexion qui se fera. Pour être appelé ici, il faut jouer l'Europe régulièrement et faire partie des meilleurs. C'est notre ambition aussi avec l'AS Monaco donc il faudra se qualifier pour l'Europe et ensuite on verra ce qu'il va se passer.

Quand vous dîtes l'Europe…

On parle de Ligue des champions bien sûr. L'Europa League, je connais. Mais c'est vrai que quand j'en parle avec Dayot (Upamecano) ou Ibrahima (Konaté), j'ai envie d'y goûter et je veux me donner les moyens d'y être.

Vos concurrents en équipe de France évoluent à Chelsea, à Barcelone, au Bayern Munich, à Arsenal, à Liverpool. C'est le constat que vous faîtes et qui fait partie de votre réflexion pour être durablement rappelé en Bleu ?

Comme je l'ai dit, eux ont l'habitude de jouer la Ligue des champions avec leur club et ça fait partie des meilleures compétitions au monde. C'est la crème qui y participe et forcément c'est une vitrine pour la sélection. Oui c'est une réflexion que j'aurai. Je sens que je passe des caps, je viens d'avoir 25 ans, j'ai envie de connaître le très très haut niveau et je suis toujours à fond dans ce que j'entreprends. Les objectifs de l'AS Monaco concordent pour l'instant avec les miens, à savoir se qualifier directement pour la Ligue des champions. On verra ce qu'il se passe pour la fin de saison et en fonction des résultats du club ma réflexion se posera.

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