Illan Meslier LeedsGetty

ENTRETIEN - Illan Meslier : "Le foot, c'est une religion à Leeds"

Illan Meslier (19 ans), c'est 1.97m. Une décontraction à toute épreuve. Une voix grave. Et un franc-parler qu'il tient de son éducation. Alors forcément, quand il nous a rejoints dans le Bâtiment Élite à Clairefontaine, c'est avec le regard vif qu'il s'est prêté à l'exercice, n'éludant aucun sujet, de son départ du FC Lorient à son arrivée en prêt à Leeds (Championship). L'été dernier, il aurait souhaité que les Merlus soient plus transparents à son égard. Mais il vit ses premiers mois sous les ordres de Marcelo Bielsa avec beaucoup d'enthousiasme. Et ce même si, pour l'instant, il n'est que la doublure de l'ancien Madrilène Kiko Casilla.

Vous avez toujours eu l'étiquette de grand espoir, ce n'est pas trop dur à porter ?

Illan Meslier : Je ne sais pas... Je n'ai que 19 ans. Je fais mon bonhomme de chemin. Et même si tout le monde pense qu'à 17-18 ans, il faut directement jouer si tu es un grand espoir, ce n'est pas comme ça que ça marche. Pour certains, il faut plus de temps, et si ça doit prendre plus de temps pour moi il n'y a aucun problème. L'objectif, c'est d'y arriver.

Vous étiez titulaire à 18 ans en Ligue 2 la saison dernière, mais Lorient ne vous a pas renouvelé sa confiance. Comment avez-vous vécu cela ?

Il s'est passé ce qui s'est passé. J'ai joué la saison dernière. Après, Lorient a fait un choix... Une carrière n'est jamais linéaire. Il y a des hauts et des bas. Je n'avais connu que des hauts jusqu'à maintenant. Là, c'est un petit peu plus difficile, mais je remonte.

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Les dirigeants avaient-ils été clairs avec vous avant l'arrivée de Paul Nardi ?

Un choix a été fait. Le seul regret que j'ai, c'est qu'ils me l'annoncent à deux jours du premier match de Championnat. Le coach [Christophe Pelissier, ndlr] m'aurait dit les choses clairement d'entrée en réunion, il n'y aurait eu aucun problème. J'accepte les choix, c'est comme ça. Mais la manière dont on me l'annoncé... (Il s'arrête) Je ne vais pas revenir dessus, ça ne sert à rien. Je suis très content maintenant d'être à Leeds.

Ils n'ont pas fait des pieds et des mains pour vous retenir ?

Ah non, absolument pas. Mais bon, c'est comme ça.

Pourtant, l'an dernier Monaco était prêt à mettre beaucoup d'argent sur vous. Et là, Lorient avait verrouillé.

C'est ça... Après, quand Monaco est venu, moi je voulais faire mes débuts en pro avec Lorient, donc c'était compréhensible. Mais c'est comme ça, c'est le football.

Comment se passent vos premiers mois à Leeds où vous êtes la doublure de Kiko Casilla ?

J'apprends beaucoup avec Kiko qui a 33 ans, passé par le Real, trois Ligue des champions... C'est un gardien d'expérience. Mentalement, il est au-dessus. Il sait quoi faire sur pas mal de situations et je prends vraiment tout ce qu'il me donne. Je monte en puissance dans ce nouveau club, avec un nouveau staff, et je suis prêt à jouer à n'importe quel moment s'il y a une suspension ou une blessure. Ce sera à moi de saisir les opportunités et après, c'est le coach qui décidera.

"Je suis prêt à jouer si Kiko venait à être suspendu"

C'est difficile de passer d'une place de titulaire à Lorient à un rôle de doublure à Leeds ?

Non, non. Pour moi, justement, on a plus le temps de travailler dans un rôle de doublure. On peut se développer, peaufiner les détails. C'est un petit peu de la post-formation et je sens que je progresse de semaine en semaine. Mais le n°1, c'est Kiko, je le respecte.

Il fait l'objet d'une enquête en cours pour soupçons d'insultes racistes et risque une longue suspension. En avez-vous parlé ?

Je ne lui en ai pas parlé. Lui non plus, il n'en parle pas. S'il devait être blanchi, ce serait tant mieux pour le groupe. Et s'il devait être suspendu, je suis prêt à jouer. Il faut savoir saisir les opportunités. Parfois, c'est une blessure, parfois une suspension, et parfois ce sont des actes peu communs.

Ça vous surprend cette enquête ?

Oui, mais c'est parole contre parole. Je ne sais pas s'il a tenu ces propos et je n'ai pas à m'exprimer là-dessus. C'est compliqué de donner un avis.

Mais c'est un sujet qui est évoqué à Leeds quand même ?

Là, forcément. Les dirigeants sont quand même en garde. On verra bien comment ça se termine.

PS Illan Meslier

Quel rôle a joué Marcelo Bielsa dans votre venue ?

Un rôle très important. Après, j'ai aussi regardé ce que le club a fait la saison dernière. Ils n'étaient pas loin de la montée. Les supporters, le stade... J'ai vraiment senti un club très investi et qui faisait tout pour m'attirer.

Leeds vous suivait depuis longtemps ?

Oui, ils m'avaient vu à la Coupe du monde. Mais moi, je ne l'avais pas forcément vu venir... Ça s'est fait super vite. Dès le premier match de Championnat, ils ont vu que je n'étais pas titulaire. Et ils se sont dit 'allez, lui c'est bon'. Le mercato anglais allait fermer. J'ai dû me décider rapidement, mais je sentais que je devais partir, pour sortir de ma zone de confort. Je voulais découvrir un nouveau challenge et Leeds était un projet séduisant.

"El Loco" est-il aussi fou qu'on le dit ?

Avec nous, non. Il a parfois des sautes d'humeur ou des incompréhensions avec son staff, parce que ça parle argentin, espagnol... Lui il parle Argentin. Mais il est tellement expressif que c'est facile de le comprendre. Et même quand je ne comprends pas, j'ai Benoît Delaval, qui est préparateur physique là-bas et qui traduit pour moi les causeries d'avant-match.

C'est facile d'être entraîné par Marcelo Bielsa ?

On a tous un gros respect pour lui. On sait ce qu'il a fait dans sa carrière. Et quand on voit que ça marche, les joueurs accrochent tout de suite. On est vraiment là pour bosser et on a un seul objectif, c'est de monter en Premier League.

"Les supporters ici, c'est un truc de fou !"

Par rapport à ce que vous avez connu par le passé, ça change quoi ?

Il y a beaucoup plus d'intensité. C'est box-to-box, à l'anglaise. Ça repart court, c'est ce que j'aime. En Ligue 2, j'étais parfois amené à botter devant une fois le ballon récupéré. Ce n'est pas mon style. Et pour ça, aujourd'hui, je prends plus de plaisir.

Vous sentiez que vous étiez en train de stagner dans votre progression ?

Oui, c'est vraiment ça. Je pense même que si j'étais resté à Lorient, je n'aurais pas progressé. J'étais à la fin de quelque chose.

Comment est la pression des fans à Leeds ?

Elle est forte, et elle le sera encore plus quand on va avancer dans la saison, mais on l'encaisse assez bien. Le foot, c'est une religion à Leeds. Les supporters... Il n'y a rien à dire ! L'ambiance dans le stade est incroyable. Pour mon premier match, je suis resté dix minutes à regarder les supporters. Ça chante, et quand tu es joueur adverse, tu dois te sentir tout petit. C'est un truc de fou !

Combien de temps ça peut durer pour vous cette situation en tant que doublure ?

Pas longtemps.

Vous semblez déjà avoir un plan en tête, d'autant que vous êtes prêté un an avec option d'achat. L'idée c'est d'être le successeur de Kiko Casilla à Leeds ?

Pourquoi pas... Je suis allé là-bas pour continuer à apprendre et pour finir ma formation. Peut-être qu'un jour on me passera le flambeau.

Vous en avez déjà parlé avec les dirigeants ?

Peut-être. (Il sourit)

Propos recueillis par Benjamin Quarez, à Clairefontaine.

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