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Ajaccio-PSG : problèmes au genou, reconversion, innovation... comment Jordan Galtier s'est retrouvé face à son père

A l’été 2021, Jordan Galtier a pris tout un groupe à contrepied. Quelques jours après être arrivé sur le banc de l’AC Ajaccio en tant qu’entraîneur adjoint d’Olivier Pantaloni, le fils de Christophe a mis une claque à toute l’audience, du staff aux joueurs. Lors du stage de préparation, il avait pourtant répété qu’il ne chanterait pas devant le groupe en guise de bizutage.

Mais le dernier jour du stage, quand il a pris le micro pour interpréter La Bamba, le tube de Los Lobos et les Gipsy King, « Jo a mis le feu complet. Il chantait bien, dansait bien, une prestation de très très haute volée, se souvient le milieu acéiste Mathieu Coutadeur surpris, qui avait jusque-là perçu un garçon arrivé sur « la pointe des pieds avec beaucoup d’humilité dans le groupe où il est plus jeune que beaucoup d’entre nous ».

Depuis plus d’un an, ce n’est pas sa voix ni son nom de famille qui ont créé la surprise. Mais bien sa méthode de travail, décrite comme variée et alimentée par une soif permanente de découvrir de nouvelles pratiques. Pour en arriver là, si jeune donc (33 ans), il faut remonter le fil d’une carrière pas à la hauteur de ses attentes. Lui qui était selon ses dires un espoir de sa génération n’a finalement jamais percé au haut niveau, notamment à cause de problèmes au genou qu’il traînait dès ses 20 ans. 

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Il arrête sa carrière pro l'année de ses 27 ans

L’année de ses 27 printemps, Jordan Galtier arrête donc le football pro après une modeste carrière de Ligue 2, terminée à Arles-Avignon. Pour compenser cette frustration, ce dernier se réfugie dans sa reconversion comme entraîneur, qui ne trouve pas forcément sa source dans l’exemple paternel puisque l’adjoint corse a passé ses premiers diplômes à 18 ans. « Il n’a pas eu la carrière qu’il pensait avoir, il n’est pas passé pour des raisons physiques et il s’est vite projeté dans une carrière d’éducateur, de formateur, résumait son père avant le match », racontait Christophe Galtier avant la rencontre entre Ajaccio et le PSG.

Revenu au niveau amateur, le technicien aspirant s’installe au Cap-Féret pour jouer avec les séniors et entraîner les U11, puis les U17 avant de prendre en main la N3 à l’été 2016. Il n’a que 27 ans. Deux ans plus tard, Galtier est contacté par l’ancien directeur du centre de l’ACA, Sébastien Bannier, pour venir entraîner les U17. 

Mais aussi travailler avec Johan Cavalli avec qui il a passé ses diplômes, sur les contours d’une méthode de travail pour la formation ajacciennes, avant là encore de grimper jusqu’au banc de l’équipe première aux côtés d’Olivier Pantaloni. « S’il grimpe aussi vite parce qu’il en a les compétences et le caractère. », précise Mathieu Coutadeur. Sur le banc corse, Jordan Galtier anime les séances en lien avec le cadre voulu par l’entraîneur principal.

A l’entraînement, il a cette envie que le joueur ne soit pas dépendant des consignes. « Par exemple, il va donner un thème de circuit de passes et lui n’a aucun souci à ce que les joueurs aient des connexions et que l’on ajoute un appui-remise ou un une-deux, qui n’était pas dans le circuit, raconte Coutadeur qui décrit un homme capable de s’adapter aux différentes caractères et « toujours ouvert à l’avis d’un joueur pour gagner plus en précision et en efficacité ».

Sa petite expérience, Jordan Galtier tente de l’agrémenter par l’observation et la discussion. Certains le décrivent d’abord comme un boulimique de football, capable de se lever et de se coucher avec des vidéos de matchs. D’autres comme un chercheur jamais fermé à l’échange et à l’étude. 

"Pas quelqu'un qui met des couteaux dans le dos pour pouvoir prendre un place"

Ses inspirations sont espagnoles et portugaises. Au centre d’entraînement, il s’est par exemple inspiré des méthodes liées à la périodisation tactique théorisée par Vitor Frade dans les années 70 pour définir en partie le cadre de travail de la formation. Il a aussi pu échanger avec les adjoints de son père Joao Sacramento et Jorge Maciel, experts en la matière et aimerait beaucoup voir ce qui se fait du côté de Benfica, notamment?

« Il est indépendant, très indépendant. On en parle assez souvent en famille. Il a des références qui sont autres que les miennes, il étudie et analyse beaucoup », décrypte son père. « Je le considère comme un chercheur. Que l’on soit éducateur ou coach avec les pros, ce n’est pas le même métier.  Le coach souhaite travailler quelque chose ? Il cherche à mettre en place des séances et à innover pour que nous on prenne du plaisir », poursuit Coutadeur.

De son parcours et de sa filiation, la question d’une carrière professionnelle se pose forcément. Dans son entourage, on décrit un homme pas forcément pressé ni carriériste. « Il montre déjà du caractère et de la personnalité dans sa façon de voir le football, développe Mathieu Coutadeur. Le jour où ça ne lui plaît pas, il ne fera pas semblant et ne mettra pas de coups de couteaux pour pouvoir prendre une place et être dans la lumière. » 

« Est-ce qu’un jour il sera un entraîneur principal ? Je ne le sais pas, je lui dis de s’épanouir dans sa fonction, d’être très respectueux envers le club qui lui a donné cette opportunité et son entraîneur et d’être une vraie valeur ajoutée dans un staff technique. Un entraîneur adjoint doit être une vraie valeur ajoutée, j’insiste là-dessus », pointe Christophe Galtier. Cela comprend aussi de bien analyser les faiblesses de l’adversaire entraîné par son père qui se présente vendredi au stade François Coty.

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