Yonghong Li MilanGetty

Yonghong Li a racheté l'AC Milan alors qu'il est insolvable en Chine

Comment, malgré un état d'insolvabilité en Chine, Yonghong Li a-t-il pu racheter l'AC Milan ? La question demeure après l'enquête du Corriere della Sera en Italie sur les conditions autour du rachat du mythique club lombard par l'entrepreneur chinois. Selon le média transalpin, Li a pu aller au bout du processus de rachat alors qu'il était dans le même temps traîné devant les tribunaux par deux banques chinoises. En cause, l'absence de remboursement de ses dettes.

En janvier 2015, la Jiangsu Bank est sollicitée par Yonghong Li pour l'obtention d'un prêt. L'homme d'affaires chinois offre en garantie sa participation -à travers sa holding Shenzhen Jie Ande- dans la société de packaging Zhuhai Zhongfu, cotée à la bourse de Shenzhen. Le début des problèmes pour Li. Il ne parvient pas à rembourser le prêt et le tribunal de Futian, après des mois de procédure, annonce en février 2017 la mise en vente, aux enchères, des 11,39% de Zhuhai Zhongfu (valeur estimée de 60 millions d'euros) détenus par Li à travers sa holding. L'insolvabilité de Li est déclarée.

Entre-temps, le businessman chinois réussit à acquérir le club de l'AC Milan pour 740 millions d'euros, alors que le "closing" avait été repoussé de plusieurs semaines, face à l'incapacité de répondre sur le moment aux différentes exigences financières et aux versements annoncés. Li, bien aidé par un prêt de 300 millions d'euros du fond spéculatif américain Elliott, débarque tout sourire en Italie en mettant la main sur l'un des clubs les plus prestigieux au monde. Pour montrer qu'il avait les capacités financières de ses ambitions, Li déclare alors parmi son partimoine sa participation dans l'entreprise Zhuhai Zhongfu ; participation pourtant mise aux enchères pour le remboursement des dettes contractées auprès de banques chinoises. Cette mise aux enchères est finalement repoussée à cause d'une plainte d'un deuxième établisssement bancaire : la banque de Canton réclame aussi de l'argent à Li et demande la liquidation de sa holding, la Shenzhen Jie Ande qui avait servi à la prise de participation dans l'entreprise Zhuhai Zhongfu. Le piège semble se renfermer sur le Chinois.

L'article continue ci-dessous

Deux questions se posent alors : l'ancien propriétaire du club, Fininvest (société de Silvio Berlusconi) et la banque Rothschild, qui est intervenue dans la vente de l'AC Milan dans un rôle de consultant, ont-ils effectué les vérifications nécessaires sur le patrimoine de Yonghong Li et son passé entrepreneurial ? Comment une holding insolvable a-t-elle pu servir de garantie bancaire ?

Une autre question est en suspens : tandis que Li doit rembourser les 300 millions d'euros au fond Elliott avec un taux montant à 11% d'ici au 15 octobre, sera-t-il en capacité de le faire ? Le club lombard risque-t-il de finir dans les mains du fond spéculatif ? Car le patrimoine financier du Chinois continue de faire débat. En novembre dernier, le New York Times révélait que les mines de phosphate dont Li revendique la propriété étaient peu ou pas connues des spécialistes en Chine. De son côté, l'entrepreneur chinois a expliqué que le rachat de l'AC Milan avait été fait en toute transparence. Mais dans cette affaire, rien n'est simple et la surface financière de Yonghong Li semble bien loin des espoirs initiaux. Après avoir "dépensé" près d'un milliard d'euros entre rachat du club et campagne de recrutement XXL l'été dernier (Bonuccin Kessie, Musacchio, Rodriguez, Calhanoglu, André Silva, Kalinic...), une autre partie importante de l'avenir du club se jouera dans les prochains mois. Et tous les scenarii semblent possibles. Le club lombard n'a-t-il tout simplement pas eu affaire à un mythomane s'interroge le Corriere della Sera ?

Publicité