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Suède : il y a une vie sans Zlatan Ibrahimovic

Oubliés les coups de génie et les buts venus de nulle part. Avec la retraite de Zlatan Ibrahimovic, l’équipe de Suède a perdu son inégalable star, leader de vestiaire et joueur capable d’inventer des buts d’ailleurs afin de débloquer des situations. De l’aile de pigeon face à l’Italie à l’Euro 2004 (1-1) au ciseau lors de l’inauguration de la Friends Arena contre l’Angleterre (4-2), en passant par la volée face à la France en Ukraine en 2012 (2-0), les supporters suédois ont assez de souvenirs à raconter pour les trois générations à venir.

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Le départ de l’attaquant a laissé un vide sportif et marketing. À ses débuts en sélection en 2001, il avait comblé au fur et à mesure des années les fins de carrière internationale d’Henrik Larsson et Fredrik Ljungberg, les deux icônes des années 90 et 2000, dont les posters s’étiraient en long en large et en travers dans tous les magasins de sport du pays. Puis, son caractère bien trempé avait divisé en deux le pays : ceux qui aimaient voir en Ibra ce qu’ils ne seraient jamais, des hommes sanguins teintés d’arrogance, et les autres, adeptes du "modèle suédois", fait de calme et de discrétion, choqués par l’attitude de leur joueur en sélection nationale. Ses performances avaient ensuite fini par mettre plus ou moins tout le pays d’accord, même si des voix s’élevaient pour témoigner des prestations fantomatiques de l’attaquant lors des grands rendez-vous. Des reproches affichés également dans tous les clubs où le Suédois est passé.

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À la fin de l’Euro 2016, la Suède a connu un double tournant. La retraite d’Ibrahimovic d’abord, puis le départ d’Erik Hamren, son sélectionneur, bien connu pour son 4-2-3-Ibra, que beaucoup de supporters et observateurs résumaient ironiquement en "donnez le ballon à Ibra et ensuite priez pour que quelque chose de bon se produise."

L’arrivée de Janne Andersson, faiseur de miracles avec l’IFK Norrköping de 2011 à 2016, a redistribué les cartes. Désormais, la Suède n’est plus l’équipe d’Ibrahimovic et de ses dix soldats, mais un collectif plus bagarreur, plus solidaire et aussi moins tributaire des coups de génie d’un seul joueur. Un défaut qui avait aussi ses bons côtés lors des rencontres fermées. Désormais, pour l’élégance et la technique, tous les regards se tournent vers Emil Forsberg, l’ailier de Leipzig, meilleur passeur des cinq grands championnats européens cette saison (19 assists), et déjà auteur de trois buts en cinq matches d’éliminatoires de la Coupe du monde 2018. En attaque, les profils choisis par Andersson témoignent de la volonté d’avoir des joueurs teigneux et bagarreurs, avec Marcus Berg, John Guidetti, Ola Toivonen, Christoffer Nyman ou encore Isaac Kiese Thellin. Aucun n’a le talent d’Ibrahimovic, mais tous s’inscrivent plus aisément dans le collectif suédois. Une parfaite allégorie des valeurs suédoises que la population s’emploie à respecter.

Le brassard de capitaine est revenu à Andreas Granqvist, leader naturel de cette équipe qui compte de nombreux éléments d’expérience (Lustig, Olsson, Larsson, Berg, Toivonen) mais qui voit également la jeune génération intégrer la sélection. Vainqueurs de l’Euro U21 en 2015, les Augustinsson, Lindelöf, Hiljemark, Sam Larsson commencent à se faire une place et sont le témoin d’un football suédois en progrès constant, grâce à de bons clubs formateurs et aussi le choix de plusieurs éléments de rejoindre des clubs européens "paliers" tels que Benfica, Heerenveen, Feyenoord, Copenhague et le Panathinaikos, avant d’espérer viser plus haut.

Sans Ibrahimovic, cette Suède-là est sans aucun doute moins capable de coups d’éclat, mais la force collective dégagée laisse des espoirs. Deuxièmes à trois points de l’équipe de France avant de recevoir les Bleus à Stockholm ce vendredi soir, les Suédois savent qu’une qualification directe en Coupe du monde 2018 serait un vrai exploit, eux qui ont fait l’impasse sur les deux dernières éditions en Afrique du Sud et au Brésil. À chaque fois, Zlatan avait échoué à qualifier les siens. Voilà qui serait un beau pied de nez et assurément un moyen de tourner définitivement la page de l’ère Ibra.

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