Sergio Ramos

Recalés au test espagnol, les jeunes Bleus ont encore des leçons à apprendre

L'écart entre la France et l'Espagne ne se mesurait pas au talent, mardi soir sur la pelouse de Saint-Denis. Dans leurs rangs, les Bleus en avaient au moins autant à revendre sur toutes les lignes. Mais il se mesurait davantage en identité collective et expérience. Au coup d'envoi, les onze joueurs espagnols, dont 6 champions du monde, cumulaient 645 sélections quand la France alignait une équipe de départ à seulement 224 capes. "Les joueurs que j'ai choisis ont le potentiel. Au niveau international, le niveau est plus élevé. L'Espagne, c'est le top niveau. Il y a un décalage important, mais ça passe par là", expliquait Didier Deschamps en conférence de presse après la rencontre.

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Les Bleus ont besoin de grandir...

Malgré un 4-1-3-2 résolument joueur et offensif concocté par Didier Deschamps, les Bleus n'ont jamais vraiment réussi à mettre en place leurs idées de base. Avec 60% de possession de balle, l'Espagne a rapidement pris le jeu à son compte, siégeant dans la partie adverse, redoublant les passes et créant beaucoup de mouvements autour de ses latéraux. Ce qu'elle fait à un niveau remarquable depuis une décennie, en somme. Mais la Roja a ce dont l'équipe de France semble manquer : un projet de jeu clair et établi mis en pratique par un mix de joueurs très expérimentés et des jeunes qui tendent à les remplacer.

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Sergio Ramos

Loin du dogmatisme de certains entraîneurs, Didier Deschamps, lui, se veut pragmatique. Après la défaite, le sélectionneur reconnaissait surtout le manque de maturité de sa talentueuse jeunesse. "J'ai toujours accordé beaucoup d'importance à ceux qui ont du vécu, même si on a envie d'ouvrir la porte aux jeunes et que je suis partisan de ça. Mais il ne faut pas oublier ce qu'ont fait et sont capables de faire les joueurs qui ont un peu plus de bouteille". Mardi, Sergio Ramos et Andrès Iniesta comptaient à eux deux plus de sélections que toute l'équipe de France. 

... Et de se créer une identité

Vouloir contester le ballon aux Espagnols était peut-être un objectif trop élevé. Ou peut-être n'était-ce tout simplement pas le bon. Finaliste de l'Euro en juillet dernier, l'équipe de France avait bâti son parcours sur une robustesse physique qui était venue à bout de pratiquement tous ses adversaires, y compris l'Allemagne. Hier soir (mardi), les Bleus n'ont retrouvé que très tardivement cette vertu qui leur a permis de mieux s'exprimer en seconde période. "Ils ont été plus forts en première mi-temps, avouait Hugo Lloris en zone mixte. Le ressenti est différent sur la deuxième, on a été meilleurs, beaucoup plus tranchants et percutants". Un autre visage pas étranger à l'entrée en jeu de Tiémoué Bakayoko et d'Olivier Giroud, plus costauds au duel et plus forts dans la tenue du ballon. 

Poussifs face au Luxembourg avec le ballon, fébriles sans lui face à l'Espagne, Didier Deschamps et ses hommes cherchent encore un équilibre que le sélectionneur a encore le temps de trouver. Mais après ces deux rencontres, certaines questions continuent de se poser. Partis sur des bases d'avenir, les Bleus devront se défaire de la Suède (deuxième du groupe à 3 points) puis de l'Angleterre dans un nouveau match de prestige afin de proposer certaines réponses lors du prochain rassemblement du mois de juin. À un an tout pile de la Coupe du monde. 

Julien Quelen, au Stade de France

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