PORTRAIT - De l'ASVEL aux Éperviers d'Adebayor, la singulière histoire du jeune Malcolm Barcola

L'histoire entre Malcolm Barcola et le football ne débute pas à l'ASVEL, mais elle y prend corps. Quelques années auparavant, alors qu'il porte les couleurs d'un petit club du quartier de Bron dans la catégorie U11, son asthme à l'effort met fin à sa carrière d'attaquant. "Le docteur lui avait dit d'arrêter le foot ou de passer gardien, raconte son père Yves. Comme il ne voulait pas quitter ses copains, il est allé dans le but". Un poste où il n'est pas simple de progresser en raison des difficultés des petite structures à proposer des ateliers spécifiques. Qu'importe, Malcolm Barcola a quelque chose dans les mains et veut en persuader tout le monde. "J'ai fait des tests à l'OL mais je n'ai pas été retenu alors je suis allé au FC Lyon, raconte-t-il. À 14 ans j'ai voulu arrêter le foot, je me disais qu'il valait peut-être mieux que je me concentre sur l'école". Le longiligne gardien rejoint l'ASVEL, une autre club du coin. "On avait une très bonne équipe parce que tous ceux qui n'avaient pas réussi à intégrer un centre de formation se sont retrouvés là". Une chance pour celui qui va finalement se faire remarquer lors d'un match face à La Duchère au terme duquel l'entraîneur vient à sa rencontre pour lui dire de le rejoindre. "Il m'a dit que ma licence était déjà prête, que je n'avais pas besoin de faire de tests. J'ai décidé de tenter le coup". Dès cet instant, tout va s'accélérer à une vitesse qu'il n'avait même pas osé imaginer. 

En deux ans, il devient international togolais 

Malcolm Barcola ne jouera qu'une saison à La Duchère, l'année de ses 16 ans. Le temps pour lui de s'imposer en Ligue Honneur et de jouer le titre avec les U19 chez qui il est surclassé. Au terme de la saison, le jeune homme s'en va faire un test à Nantes. Concluant. Mais à son retour, l'OL lui fait parvenir une lettre d'invitation par l'intermédiaire de son petit frère Bradley qui évolue actuellement avec les U17 du club. Ces quelques jours lui permettent de revenir en avril 2016 pour deux semaines où il s'entraîne avec la réserve ou les U19, avant de définitivement s'engager avec le club rhodanien. "C’est un battant, quand il veut quelque chose il se donne les moyens pour y arriver, reprend son père Yves. Il est rentré tard en club professionnel, ce qui n’est pas évident parce que plus on tarde plus les places sont difficiles à prendre". Pour le conserver, l'OL lui fait même signer un contrat spécial d'un an dit de professionnalisation. "C'est un contrat un peu sur mesure pour moi, détaille le principal intéressé. Je ne pouvais plus signer stagiaire, le club avait atteint le quota". Alors qu'il poursuit son apprentissage en tant que second gardien de la réserve en National 2, Malcolm Barcola va avoir une surprise de taille. 

Quelques mois auparavant, le gardien - alors âgé de 18 ans - rejoint la sélection U20 du Togo, le pays d'origine de ses parents, pour disputer le tournoi de Toulon. Il ne dispute qu'un seul des quatre matches face au Japon mais c'est assez pour faire naître une rumeur. Au Togo, les journalistes évoquent la possibilité de le voir appelé en A pour disputer les éliminatoires de la Coupe d'Afrique des Nations 2019. Malcolm Barcola n'y croit pas, surtout à l'annonce de la première liste du mois de septembre dans laquelle il ne figure pas. Mais le gardien n'a pas joué si ce n'est en match de préparation avec la réserve lyonnaise. Ce sont les matches de Youth League qui vont le mettre en lumière pour que finalement, au mois d'octobre, le sélectionneur Claude Le Roy prononce son nom pour la première fois. "C'était une expérience unique, je me suis retrouvé dans le même vestiaire qu'Adebayor, un monument, esquisse-t-il dans un sourire. Il joue son rôle de capitaine à fond, il nous parle, nous conseille, je suis très fier d'être arrivé là". Rappelé au mois de novembre, Malcolm Barcola met tout en oeuvre pour retrouver les Éperviers au mois de mars prochain, et ainsi jouer la qualification dans un match couperet face au Bénin. D'ici là, le jeune portier espère signer professionel avant, pourquoi pas, de connaître sa première grande compétition internationale. En jetant un petit coup d'oeil deux ans en arrière, rien ne semble impossible.