Francesco Totti RomaGetty Images

On était à la dernière de Totti avec la Roma et on a vu tout le monde pleurer

Des gros barbus et De Rossi. Des adolescentes et Manolas. Des grands-mères et El Sharaawy. Des parents et leurs enfants. Mais aussi Totti, Ilary et leurs trois enfants. On les a tous vu pleurer, dans les tribunes de l'Olimpico ou sur le terrain ce dimanche soir. Malicieusement, ils détournaient les yeux des écrans géants pour arrêter le flot de larmes. Ils jetaient un regard inquiet au voisin face à la crainte du jugement "pleurer pour du football, est-ce bien sérieux ?". Puis, quand ils ont vu que tout le stade était en larmes, il n'y a plus eu aucune retenue. Les festivités pour célébrer la fin de l'aventure de Totti avec la Roma ont été … humides.

La Roma venait de battre le Genoa (3-2) et s'assurait ainsi la deuxième place, qualificative directement en Ligue des champions. Mais disons le clairement, les 70 000 personnes à l'Olimpico n'étaient pas venues pour ça. Il suffisait de voir le tour d'honneur des joueurs, avec femmes et enfants dans le désintérêt le plus total, alors que les dizaines de milliers de spectateurs avaient déjà usé leurs cordes vocales et versé toutes les larmes de leur corps pour Francesco Totti.

De leur arrivée dans le stade, 1h30 avant le coup d'envoi, au tour d'honneur plus qu'émouvant d'Il Capitano, les tifosi ont tout donné. Un juste retour des choses pour celui ayant passé 25 ans dans ce club, son seul club, dont le maillot giallorosso est devenu une deuxième peau. Totti a toujours été là pour eux, c'était la soirée où il fallait que les supporters lui rendent toutes ces émotions vécues depuis 1993 et la première apparition du Romain sur les pelouses italiennes.

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Alors, les tifosi ont tout donné. Des chants "Tottigol" et "C'è solo un capitano" à un rythme effréné (toutes les cinq minutes en moyenne), des banderoles toutes plus créatives et émouvantes les unes que les autres – mention spéciale au supporter qui aurait "préféré mourir avant de devoir vivre ce moment" – de longs applaudissements, toutes les pensées et les gestes étaient tournés vers Totti. Il était l'homme de la soirée, lui qui a réussi une dernière fois à remplir un stade de 70 000 places sur son seul nom. Dans les bus et les rues qui menaient au stade, tous les supporters étaient venus avec un maillot ou un tee-shirt célébrant leur idole. Des TOTTI 10 à la pelle pour une soirée unique.

Et puis sur les coups de 20h00, l'euphorie du résultat et du match a laissé sa place aux festivités. Dans les regards, déjà beaucoup de tristesse et de nostalgie. C'est le moment où tout a basculé. Où tous les tifosi ont compris que c'était fini. Alors, ils ont redoublé d'efforts et ont terminé d'érailler des cordes vocales qui ne tenaient déjà plus qu'à un fil. Entre le bonheur de vivre ce moment, la nostalgie des bons moments passés et les larmes dégoulinant sur les visages, le mix d'émotion était très fort. Palpable. Explosif.

Le tour d'honneur a été interminable. Car Totti, d'habitude si robuste, a lui aussi craqué. À deux reprises, il s'est posé, devant les tribunes, les mains sur le visage. Lui aussi avait compris. Ce moment qu'il aurait tant aimé éviter s'était présenté à lui, et il n'avait d'autre choix que de l'affronter. La prise de conscience fut brutale et un autre Francesco s'est dévoilé. Un Francesco fragile, émouvant, touchant, loin des traditionnelles battute (blagues) désarmantes qu'il manie aussi bien que le ballon dans les moments de difficulté.

Après le tour d'honneur, la lettre lue au centre de l'Olimpico a été un autre moment spécial. Quand Totti, micro en mains est apparu sur les écrans géants, tout le stade s'est tu. De lui-même, ce qui a même désarçonné Totti. Ému aux larmes, Totti a livré ses sentiments.

"Excusez-moi si je n'ai pas donné beaucoup d'interviews ces derniers mois, mais éteindre la lumière n'est pas facile. Maintenant j'ai peur. Cette fois, c'est moi qui ai besoin de vous, de votre chaleur, de ce dont vous avez toujours fait preuve à mon égard. Avec votre affection, j'arriverai à tourner la page et à me lancer dans une nouvelle aventure. Naître Romain et Romanista est un privilège. Être le capitaine de cette équipe a été un honneur. Je vous aime."

Une dernière ovation plus tard, des centaines de milliers de larmes plus tard, le stade s'est vidé. À peine a-t-il laissé le temps aux autres joueurs de terminer leur tour de terrain que les premiers supporters s'en allaient. Preuve s'il en est que s'il est de coutume de dire que le club est plus important que n'importe quel joueur, l'adage a son exception à Rome. Totti était grand. Cette soirée était merveilleuse. Et 70 000 personnes pourront la raconter pendant des années. On a assisté au dernier match de Totti avec la Roma et on a vu tout le monde pleurer. Nous compris.

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