2017-12-09-inui.(C)Getty Images

Liga - Eibar, le petit venu du Pays Basque qui ne cesse de grandir

Sans faire de bruits, la Sociedad Deportiva Eibar n'est qu'à un point de l'Europe au bout de 22 journées. Pour un club qui a découvert l'élite du football espagnol en 2014, le miracle semble désormais permanent. Point d'orgue de ce compte de fées, le festival réalisé à domicile, face à Séville, dimanche dernier avec cinq buts inscrits et le panache qui va avec (5-1). Sans avoir de star ni de passé glorieux, la formation basque s'est faite incontestablement une place en Liga, bien loin des mastodontes barcelonais et madrilènes, certes, mais en imposant une régularité étonnante et un style de jeu agréable.

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Pour un club qui est passé de la troisième division (Segunda B) à la Liga en à peine deux ans, il était nécessaire d'avoir beaucoup de sang-froid pour gérer cette transition. Là où de nombreuses formations ibériques se sont loupées, le président Alex Aranzabal, parti en 2016, a bien compris que pour être crédible, il faut d'abord des finances saines. Ainsi d'un budget d'un million d'euros, Eibar en est arrivé à 32 millions. Un système de micro-actionnaires a notamment permis d'apporter de nouveaux fonds. Des socios impliqués, c'était le modèle désiré. À ce jour, ils sont environ 10 000 à avoir leur part dans le club basque. Au niveau des droits tv, tout baigne également pour les Rouge et Bleu. En 2014-2015 ils touchaient 13,5 millions et trois ans après, ils ont quasiment triplé ce montant (41 millions). Comme tous les autres clubs, Eibar a bénéficié des renégociations et de la nouvelle exposition médiatique du championnat espagnol.

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Un recrutement malin et bien ciblé

Quand certains dépensent plus de 200 millions d'euros à chaque mercato, Eibar doit plutôt user du sytème D pour se renforcer afin d'avoir l'équipe la plus compétitivé possible. La méthode de recutement cible plusieurs profils : des anciens espoirs de grands clubs espagnols comme Kike, passé par l'Atlético Madrid, mais également des talents en seconde division, à l'image de Borja Baston (parti depuis) mais également d'Enrich, encore présent au club. L'alchimie a fait ses preuves et José Luis Mendilibar, entraîneur en poste depuis 2015, met en oeuvre cette équipe cohérente et équilibrée.

Le club tente même des coups "internationaux" en prenant le Japonais Takashi Inui, 25 sélections, en 2015, afin qu'Eibar sorte des frontières de l'Europe et puisse avoir une résonance nouvelle. En plus d'avoir un apport sportif de qualité sur son côté gauche, Inui a ramené un actionnaire nippon au sein du club. Autre coup, plus récent, l'arrivée de Fabian Orellana en prêt, en provenance de Valence. Le Chilien, qui connaît la Liga comme sa poche, a déjà inscrit trois buts depuis le début de l'année.

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Un pied de nez à Bilbao et à la Real Sociedad

Si sur le plan national Eibar s'est bien fait un petit nom, au niveau local, le contexte intéresse forcément. Doté de valeurs familiales, le club n'a pas d'ennemi particulier et surtout n'a pas à rougir de ses dernières saisons vis-à-vis des deux gros de la région, la Real Sociedad et l'Athletic. Avec son recrutement 100% basque, Bilbao récupère énormément de talents de la région et vient même sur les plates-bandes d'Eibar. Ainsi, Ander Capa sera en rouge et blanc la saison prochaine. Le latéral droit, formé au club, était de l'aventure depuis la troisième division.

Eibar est un nouvel exemple de transposition de David contre Goliath dans le monde du foot. Son stade, basé à Ipurua, un des quartiers de la commune de 27 000 habitants, est le plus petit de la Liga. Avec un peu plus de 7 000 places, il est bien loin des grandeurs d'Anoeta et de San Mames. Particularité : deux tours derrière le stade qui donnent une vision particulière des rencontres aux résidents de ces immeubles. Malgré tout, Eibar fait avec les moyens du bord. Un centre d'entraînement fonctionnel doit voir le jour d'ici un an, afin de donner un peu plus de relief professionnel à cette aventure.

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