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Fabien Centonze au duel avec Nicolo Faggioli, lors de la rencontre aller de Ligue Europa entre le FC Nantes et la Juventus Turin.Valerio Pennicino/Getty Images

EXCLU GOAL - Fabien Centonze avant PSG-Nantes : "Je me suis demandé si j'allais rejouer au football"

Huit mois d'une lésion de grade 2 à un muscle ischio-jambier qui n'aurait dû durer que quelques semaines. Après une période faste pour le FC Nantes, Fabien Centonze raconte les doutes qui ont escorté sa convalescence, le suivi médical dont il a fait l'objet et les leçons qu'il en a tirées. Le latéral droit revient surtout sur la confiance, les mots des dirigeants nantais, de ses proches et de ses agents (Stellar) qui lui ont permis de retrouver du plaisir et de savourer chaque instant sous ses nouvelles couleurs. Il le dit sans détour : "Oui, je kiffe !"

Une double confrontation contre la Juventus, une demi-finale de Coupe de France, un match important contre le PSG… Imaginiez-vous disputer ce type de rendez-vous, il y a encore six mois ?

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Pas du tout ! Je suis très content et très fier de pouvoir vivre ce genre d’émotions. J’ai l’impression que le FC Nantes me permet de vivre beaucoup de choses que je n’ai pas connues auparavant : une Coupe d’Europe ou une demi-finale de Coupe de France. Avant cela, je n’avais jamais passé les huitièmes de finale. Je n’ai surtout pas envie que cela s’arrête. D’abord pour notre plaisir personnel, mais aussi pour le club, les supporters, la ville. Réitérer ça une deuxième fois, ça serait grandiose. 

Avant d'arriver à Nantes, vous avez passé quasiment huit mois sans jouer alors que le diagnostic initial était de trois semaines. Cela a dû être dur à avaler...
J’avais fait une très bonne première partie de saison. J’étais à quatre buts et une passe décisive en dix-sept matches. J’étais vraiment bien et puis cette blessure m’a fait beaucoup de mal, car je n’ai pas été écouté. C’est ce qui m’a le plus déçu : on a joué avec ma santé. Je pense aussi que je suis fautif parce que j’ai tellement habitué le club à jouer avec des douleurs et que lorsque j’ai signalé celle-ci, le staff ne m’a pas forcément écouté. Ensuite, on est parti sur des protocoles de rééducation, mais ça ne marchait pas, car j’attaquais beaucoup trop tôt et j’ai rechuté quatre fois. Cela m’a fait énormément douter, je me suis même posé la question de savoir si j’allais rejouer au football. Nantes a vraiment traité la chose, m’a vraiment écouté et je les en remercie.

"Si je tiens la présidence d’un club, je signe un joueur, mais on m’explique qu’il est blessé, ça me freine un peu..."

Avec tout ce que vous décrivez, l’intérêt du FC Nantes a dû être une surprise ? 

J’ai raté toute la seconde partie de saison et honnêtement, je ne pensais pas qu’un club allait s’intéresser à moi.C’est énorme parce que c’était surtout inespéré. Un club comment Nantes, avec une grande histoire et qui jouait la Coupe d’Europe... Ce sont des compétitions comme celle-ci qui nous poussent à faire du football à haut niveau. Le souci, c’est que ça a beaucoup trop tardé, car Metz n’y trouvait pas son compte. Pour entrer dans les détails, j’ai laissé faire parce que je pensais que ça allait s’arranger sur la fin et quand j’ai vu que ça n’avançait pas, j’étais obligé d’avoir une discussion pour savoir ce qui bloquait. Et j’ai appris qu’ils demandaient une somme beaucoup trop élevée pour quelqu’un qui n’avait pas joué depuis six mois. C’était pour moi démesuré et j’ai joué la carte de la sensibilité. On n’arrêtait pas de me dire que j’ai le potentiel, que je vaux plus, mais ils me gardaient en Ligue 2 tout en m’empêchant de vivre un rêve d’enfant. Il n’y avait pas de logique. J’ai montré mon mécontentement, je sais que cela ne se fait pas forcément, mais je n’avais pas d’autres choix que de ne plus aller à l’entraînement ni au match. La finalité, c’est que j’ai pu rejoindre Nantes qui était mon souhait depuis le départ. 

Au moment de votre arrivée au FC Nantes, vous n’étiez pas totalement soigné ? 

J’avais repris le championnat avec Metz en disputant trois matchs et je n’avais pas un bon ressenti.  Et ça les docteurs, les kinés le savaient et ils m’ont dit que c’était normal et que mon muscle devait se réhabituer alors je fais confiance, ce n’est pas mon domaine malgré tout ce qu’il s’est passé avant. Lorsque je passe ma visite médicale, le docteur me dit que je ne suis pas guéri du tout et qu’à n’importe quel moment le muscle aurait pu relâcher. À ce moment-là, je tombe de haut, je me dis que ça peut faire capoter le transfert, ce qui n’aurait pas été un scandale. Moi, si je tiens la présidence d’un club, je signe un joueur, mais on m’explique qu’il est blessé, ça me freine un peu. Là-dessus, Nantes m’a fait confiance et ce sont des choses que je n’oublie pas et qui restent gravées. Ça me donne envie de me donner, de montrer le meilleur de moi-même parce qu’ils m’ont sorti d’un moment de doutes, d’un moment de galère.

Que vous a dit Franck Kita après votre visite médicale ? 

J’étais inquiet au début et il m’a dit : « Ne t’inquiète pas ! On veut travailler avec toi sur la durée donc tu vas prendre le temps de bien te soigner puis tu vas revenir et ça va le faire ». Ils ont énormément cru en moi et c’est un discours qui m’a touché. C’est pour ça que j’ai envie de montrer l’étendue de mon talent et je sais que je peux faire beaucoup mieux.

"Je ne suis pas un tricheur, je ne dis jamais que j’ai mal pour éviter de faire un exercice"

Aviez-vous besoin d’écoute ?

C’était le plus important. Je ne suis pas un tricheur, je ne dis jamais que j’ai mal pour éviter de faire un exercice ou un travail physique. Ça n’existe pas chez moi. Je n’ai pas été élevé comme ça, ça ne fait pas partie de mes valeurs. Je pensais que Metz l’avait compris. Ça faisait trois ans que j’étais au club, j’entamais ma quatrième année, je pensais qu’ils avaient compris comment je fonctionnais et que je ne suis pas du genre à lâcher facilement, mais au bout d’un moment quand ton corps dit stop, il faut l’écouter. Je l’ai signalé, mais je n’ai pas été écouté. C’est vraiment un point qui m’a beaucoup déçu. Vous en avez tiré des leçons sur l’écoute de votre corps ?Évidemment ! Je suis passé par plusieurs seuils de douleur. Je sais maintenant quand j’ai une petite gêne si je peux continuer ou pas. Je sais que si je sens une pointe qu’il faut que j’arrête, car je sais sur quoi ça débouche derrière. C’était ma première grosse blessure depuis que je fais du foot et dans une carrière, il faut aussi passer par des moments de haut et de bas. Dans mon malheur, il y a de bonnes choses aussi, car j’ai appris à connaître mon corps maintenant si je suis amené à avoir une douleur, je saurai comment la gérer. Malgré l’élimination en Ligue Europa et deux défaites consécutives en championnat, peut-on dire que vous savourez ?Oui je kiffe ! Cette blessure m’a fait prendre conscience du fait que l’on ne sait jamais quand on va jouer son dernier match. Lors de mes premiers matchs avec Nantes, j’avais encore beaucoup d’appréhension ce qui faisait que mes performances étaient moyennes. Et j’ai eu une discussion avec mon frère qui a toujours les mots justes. Il me dit avant un match : « donne toi à fond, si ça doit lâcher et bien ça lâche mais il n’y a pas de place pour l’entre deux ». C’est une phrase qui m’est restée dans la tête et j’y pense souvent. Elle m’a donné beaucoup de force et de confiance. J’ai suivi ce conseil et j’ai vu que mon ischio était bien et au fil des matchs, je me sentais de mieux en mieux. J’avais besoin d’entendre ça pour me sentir bien.

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