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ENTRETIEN - Montpellier, Paul Lasne : "On est capable de terminer à la 5e place"

À 29 ans, Paul Lasne est un visage connu de la Ligue 1. Formé à Bordeaux, c’est à Ajaccio qu’il se forge sa réputation de joueur solide et efficace. Mais ce n’est que depuis le début de l’exercice en cours qu’il parvient à exprimer toute l’étendue de son talent. Quatre ans et demi après son arrivée à Montpellier, le milieu de terrain français réalise, jusqu’à présent, une saison convaincante et ne manque pas d’ambition. Il sent son club capable de viser haut, notamment sur la pelouse du Paris Saint-Germain qu’il retrouvera ce samedi pour le compte de la 23e journée de Ligue 1 (17h). 

Vous avez disputé la quasi-totalité des matches en Ligue 1 cette saison. Vous considérez-vous comme un cadre du jeune vestiaire du MHSC ?

Paul Lasne : C’est sûr qu’en termes d’expérience en Ligue 1, d’âge aussi, par rapport au groupe parce que c’est vrai qu’on a beaucoup de jeunes. Je suis un cadre peut-être dans ce sens-là mais au quotidien, pas particulièrement. On a tous un rôle important à jouer et on est tous un peu des cadres à notre niveau. 

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Quel rôle avez-vous avec ces jeunes joueurs prometteurs que sont Roussillon, Mukiele ou Aguilar ?

On discute régulièrement de tout mais je ne me sens pas le besoin de leur donner des conseils. Je pense qu’ils sont suffisamment bien entourés, bien conseillés, et ils connaissent déjà un peu les rouages de ce métier qui n’est pas simple. C’est sûr qu’il y a encore, pour certains joueurs, de l’insouciance. On a de très jeunes joueurs qui ont entre 18 et 20 ans donc c’est tout à fait normal. La maturité viendra avec l’âge. Je trouve que la médiatisation est assez raisonnable. Ils ne sont pas harcelés et on n’est pas sous le feu des projecteurs comme peut l’être le PSG par exemple. Le cadre de vie et de travail pour tous les joueurs est tout à fait serein. Ils n’ont aucune pression à se mettre sur les épaules. Ils n’en ressentent aucune d’ailleurs je pense. C’est très positif qu’on parle d’eux. Ça veut dire que Montpellier fait une bonne saison.

La seule inconnue cette saison pour vous, c’était votre contrat qui arrivait à son terme en juin prochain. Votre prolongation vous a-t-elle enlevé un poids ?

C’est sûr que pour un footballeur, arriver en fin de contrat, c’est vivre une saison un peu charnière. Il peut arriver n’importe quoi. Des blessures, jouer moins, et forcément on peut vite se retrouver dans une situation périlleuse. Je n’ai pas ressenti de pression supplémentaire en début de saison. Je connaissais évidemment le contexte. Je l'ai abordé avec sérénité, en étant sûr de moi. J’étais persuadé que ça allait bien marcher. Les choses se sont faites naturellement. Ça n'enlève peut-être pas un poids, mais ça donne une sécurité, une stabilité et une projection à moyen terme. Après, c’est vrai que dans un milieu aussi concurrentiel, c’est bien d’avoir un contrat de trois ans encore. Ça prouve que déjà, je peux continuer dans ce métier et vu le nombre de joueurs qui arrivent sur le marché, c’est de plus en plus difficile de se faire une place. Donc c’est positif de ce point de vue-là. 


"J'ai trouvé de la stabilité dans l'axe, à mon poste de prédilection"


Vous réalisez un début de saison très convaincant à titre personnel. Qu’est ce qui a changé pour vous ?

Le fait de retrouver mon poste de prédilection que j’avais perdu de vue depuis plusieurs saisons. J’ai beaucoup été utilisé sur les côtés, en couteau suisse, un peu partout. Finalement, la polyvalence peut être un atout mais ça peut desservir aussi parce qu’on n’a pas de repères et de stabilité à un poste. Pour enchaîner les matches et progresser à son poste c’est plus difficile. Le fait d’avoir trouvé une stabilité dans l’axe, au poste qui est le mien et dans lequel je me sens le mieux, ça a été le premier point pour bien aborder la saison. Ça a été clair dès le début avec le staff technique. Il était pour moi indispensable de retrouver un poste axial. Le fait d’avoir l’opportunité de jouer autant de matches, forcément, ça permet de prendre confiance, de régler les petites choses qui ne vont pas match après match. Ça permet une vraie progression. Il faut que ça dure jusqu’à la fin de la saison mais pour l’instant, c’est positif. 

Qu’est-ce qui différencie ce Montpellier de celui de la saison dernière qui avait terminé 15e de Ligue 1 ?

Déjà, on a un système de jeu qui est bien en place depuis plusieurs mois et qui fonctionne bien. Notre assise défensive et notre façon de défendre posent beaucoup de problèmes à nos adversaires jusqu’à présent. C’est ce qui nous permet de continuer à croire à de belles ambitions. Continuer de bien défendre et finir meilleure défense de Ligue 1, c’est un objectif qu’on a en tête. C’est symbolique mais ça veut dire beaucoup de choses. Ça a changé par rapport à la saison dernière. C’est ce qui est le plus criant. On avait pris 66 la saison dernière, là, on en a pris 15. Il reste encore 16 matches mais c’est ça qui fait notre force cette saison. C’est le grand changement parce qu’après, il n’y a pas eu non plus beaucoup de changements au club. 

Michel Der Zakarian n’y est forcément pas étranger. Qu’est-ce qui passe particulièrement bien dans son discours ?

Il arrive à transmettre son goût pour la rigueur, la concentration. Quand on a des résultats, on ne peut qu’approuver. Si sa méthode ne donnait pas de résultats, que ça ne marchait que sur deux ou trois matches et qu’on était 15es du championnat, c’est sûr que le groupe aurait certainement lâché depuis longtemps. Certains joueurs auraient tiré la langue, n’auraient pas approuvé les choix du coach et sa façon de faire. Mais on a des résultats. On est meilleure défense (devant le Paris Saint-Germain, ndlr), on est dans le haut du tableau, on est encore en lice dans les deux coupes nationales, dont une demie en Coupe de la Ligue. On ne peut qu’approuver. En football, ce qui compte, ce sont les résultats et à l’heure où on parle, les résultats sont bons donc il n’y a aucune raison de changer. 

À plus de la moitié de la saison, vous êtes donc 7es. Visez-vous l’Europe ?

Il y a certaines personnes qui pratiquent la langue de bois sur ces sujets-là... (sourire) Il faut poursuivre notre bonne dynamique, on a bien commencé l’année 2018. C’est bien de débuter sur une bonne phase pour relancer la machine. L’objectif d’abord, évidemment pour le club et les dirigeants, c’est d’assurer le maintien. Au vu de la position de l’équipe et des 31 points que l’on a en début janvier, je pense que si on veut avoir un peu d’ambition, la meilleure place que l’on peut espérer cette saison, c’est la 5e place parce que les premiers sont déjà bien en avance. Ce sera très, très difficile de rattraper ces grandes équipes. Si on a un objectif un peu ambitieux, la cinquième place serait notre meilleur classement possible. C’est mon avis. Je pense qu’on en est capable à condition, évidemment, d’être régulier sur cette phase retour.


"Je suis parisien de naissance. C’est toujours avec grand plaisir que je me déplace au Parc.
Je réalise le parcours que j’ai accompli pour passer de la tribune, petit garçon, au terrain."


Vous restez sur huit matches sans défaite à l’extérieur. C’est une de vos forces. Comment abordez-vous les matches loin de la Mosson ?

Je ne sais pas s’il y a une formule miracle. On a tendance à travailler à l’entraînement toujours de la même manière. On a des petites séances vidéo, on a toujours notre petite routine, pas dans le sens péjoratif du terme. Ça permet d’aborder les matches, que ce soit à domicile ou à l’extérieur, toujours de la même manière. Notre système ne change pas, notre façon de jouer ne change pas. Que ce soit à la Mosson ou à l’extérieur, ça reste identique pour nous. On est peut-être plus à l’aise à l’extérieur cette saison parce qu’on laisse le jeu à l’adversaire qui, à domicile, est dans l’obligation de faire le jeu et de gagner les matches. Ça correspond bien à notre système et le fait de jouer en contre offre pas mal de possibilités. On a été assez performants ces derniers temps à l’extérieur sur ce style de jeu-là. C’est vrai qu’on est plus en difficulté quand il faut faire le jeu à domicile et que les équipes sont regroupées. On est plus à l’aise quand on joue en contre.

Face aux gros, vous n’avez jamais perdu cette saison. Avez-vous une préparation particulière avant les grands rendez-vous ?

Pas particulièrement. On connaît l’importance d’avoir une grande rigueur et d’une grande concentration dans ces matches là. Le moindre écart peut se payer très cher. Ce week-end, on joue au Parc des Princes, je ne sais pas s’ils n’ont pas gagné tous leurs matches à domicile depuis le début de la saison (le PSG n'a perdu aucun match à domicile toutes compétitions confondues, ndlr). Donc une performance pour nous, ce serait de ne pas perdre et la contre-performance pour Paris, ce serait de ne pas gagner. Sur ce match-là, on n’a pas vraiment de pression particulière. C’est plus difficile d’aborder un match à domicile contre Toulouse qu’un match à Paris contre le Paris Saint-Germain. À Paris, on ne nous attend pas. On a tout à gagner. On a notre système qui est rôdé. On n’a pas préparé de stratégie anti-PSG. On va faire comme on a l’habitude de faire depuis plusieurs mois et on va tenter de faire l’exploit.

Neymar et Mbappé sont incertains ce week-end pour votre déplacement à Paris. Certains joueurs préfèrent affronter l'équipe au complet...

Je ne suis pas convaincu que ce soit bien que Neymar soit là (rires). Je n’ai jamais souhaité de blessure aux autres joueurs mais s’il pouvait rater juste ce match-là… C’est un joueur qui apporte beaucoup au PSG et qui est capable de créer des différences à tout moment. C’est sûr que si Neymar et Mbappé ne sont pas là, ce sont deux joueurs importants de leur effectif en moins. Mais bon, on connaît aussi la richesse et la profondeur de banc du PSG. Ils sont très performants, très compétitifs, ils ont largement la capacité pour compenser ces absences.

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Vous avez bougé le PSG au match aller et obtenu un bon match nul (0-0). Vous sentez-vous capable de réitérer la performance du match aller ?

Pourquoi pas réitérer cet exploit. En tout cas, le contexte sera différent. A domicile, ils sont invaincus, le dernier match de championnat, ils l’ont gagné 8-0 (face à Dijon, lors de la 21e journée, ndlr). Donc il faut y aller avec l’ambition que l’on a depuis plusieurs semaines mais aussi avec en tête que ce sera un choc, un match compliqué parce que c’est l’une des meilleures équipes d’Europe. On a tout à gagner mais il faudra être prudent. 

Avez-vous revisionné le match aller ?

Non, pas du tout. Le coach aurait pu le faire mais il ne l’a pas fait. Je pense que c’est inutile parce que le contexte sera différent : on était à la Mosson, le terrain n’était pas très bon, les équipes alignées ne seront peut-être pas les mêmes, c’était il y a plusieurs mois, ils auront un match de Ligue des champions dans quelques semaines qu’ils auront peut-être en tête, d’autant plus que c'est contre le Real Madrid. Ce n’est pas forcément nécessaire de revoir des images d’il y a plusieurs mois et en plus, on peut peut-être se gonfler les pectoraux en le voyant parce que c’est vrai qu’on avait fait un bon match (rires). Le match de samedi sera différent. 

Vous êtes né à Saint-Cloud, vous avez marqué face à Areola en 2016, vous avez même fêté votre 150e match en Ligue 1 face au PSG. Vous aimez bien jouer face à cette équipe ?

Le PSG, c’est toute mon enfance. J’allais voir certains matches au Parc des Princes avec mon père quand j’étais petit. De chez moi, du balcon, je voyais le Parc des Princes. Mon enfance se résume un peu au football et au PSG, c’est sûr. J’ai eu la chance de marquer contre Paris lors de notre belle victoire 3-0 en 2016. Chaque match est différent mais c’est toujours un plaisir pour moi de jouer au Parc des Princes parce que c’est un match à part dans une saison, c’est une ambiance particulière. J’ai des souvenirs de quand j’étais petit. Pour moi, c’est particulier parce que je suis parisien de naissance. C’est toujours avec grand plaisir que je me déplace au Parc. Je réalise le parcours que j’ai accompli pour passer de la tribune, petit garçon, au terrain. Je suis fier de ce parcours et je suis content d’avoir la chance de jouer sur ce beau gazon.

Propos recueillis par Julie Yalap

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