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EDITO - Après cet Euro 2016, la France aime à nouveau ses Bleus

Dix ans. Il aura donc fallu une décennie pour que l’équipe de France retrouve enfin les couleurs qu’elle méritait. Pour que la France vibre et espère, au gré d’un bleu-blanc-rouge qu’elle avait trop souvent rejeté. En 2006, le public français quittait son équipe de France sur un geste inoubliable d’un homme passé du statut de héros à celui de coupable, Zinédine Zidane. En 2010, il soufflait un vent de polémique sur un Hexagone outré par ses dignes ambassadeurs en grève, en marge d’un mondial qui ne les méritait finalement pas.

En 2014, le public français se surprenait à espérer, découvrant une nouvelle génération de jeunes pousses, entretenue loin de ses frontières, incarnée par Pogba et Griezmann. Mais en terre brésilienne,  la France avait aussi vécu les larmes de son attaquant, symbole de cette France-là : pleine d’espoirs, mais pas encore mature pour renouer avec son vieux destin footballistique.

En 2016, enfin, la France a vu la vie en rose pendant un mois avec ses petits Bleus. Car si, dès 2014, Didier Deschamps avait promis de passer un coup de balais sur les vieilles polémiques qui tachaient notre ballon rond, cette année a été l’aboutissement de ce travail. Sur le plan de la communication, déjà, le sélectionneur s’était donné comme mission première de faire oublier les arrogants Domenech et Blanc, et le défi est largement relevé. Les joueurs, eux aussi, avaient à cœur de renouer avec un public qui les avait trop souvent dénigrés après le fiasco de Knysna. Et à coup de vidéos partagées sur les réseaux sociaux, d’interviews décalées et de partage aussi, avec un public qui n’attendait que cela, les Français du terrain ont renoué avec les Français des gradins.

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Sur le plan sportif, aussi, cette équipe a permis aux Français de bomber le torse. En deux petites années, nos internationaux ont quasiment tous brillé dans les plus grands clubs d’Europe et ont peu à peu incarné la génération solidaire et simplement heureuse de jouer que le pays attendait tant. Pogba est devenu l’idole d’une jeunesse qui se revendique de la rue, Griezmann, le gendre idéal, a retourné le cœur de leurs parents.

Ces Bleus-là nous ont enfin donné des raisons de croire que non, le football français n’appartenait pas aux bas-fonds du classement FIFA. Un jeu collectif, porté vers l’avant, incarné par des leaders insoupçonnés avant la compétition, comme Payet et Sissoko, des talents bruts comme Coman et Kanté, et des patrons impériaux comme Koscielny et Lloris. Ces Bleus-là nous ont simplement donné envie d’aimer le football, et de réserver nos sifflets pour les rivaux pendant cet Euro 2016. Ces Bleus-là nous ont donné envie d’être plus de 200 000 personnes dans les fan-zones, et de chanter la Marseillaise avec fierté. Ils nous ont donné envie de rétablir le lien perdu sur un coup de tête, et de voler le clapping aux meilleurs supporters du continent. Ces Bleus-là nous ont donné envie de dire "Merci" pour avoir porté la magie du pays hôte, et surtout de déchirer définitivement les unes de presse ravageuses.

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"Nous n'avons pas gagné le titre. Mais j'espère que notre équipe a gagné votre confiance et vos cœurs. C'est pour nous aussi l'une des plus belles victoires de cette Euro 2016 !", a d'ailleurs écrit Moussa Sissoko dans une lettre émouvante qui résume cette réconciliation.

Alors oui, la France a perdu face à des adversaires qu’elle n’attendait pas, mais elle a aussi fait tomber le champion du monde de son piédestal. Elle a peut-être été déçue de laisser Benzema sur le bord de la route, mais elle a foncé à pleine vitesse avec Griezmann. Elle a peut-être douté, mais elle a surtout espéré. Elle a peut-être échoué, mais elle est a tout gagné. Car la France a définitivement des Bleus au cœur aujourd’hui.

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