Paul Pogba France World Cup 2018Alexander Hassenstein

Coupe du Monde - France-Croatie : Paul Pogba veut faire "péter la France"

Quelles leçons avez-vous tiré de la finale perdue à l'Euro et cela va-t-il changer votre approche deux ans plus tard ?

Paul Pogba : J'ai encore la défaite de 2016 en travers de la gorge. J'ai vécu de très mauvaises vacances. Maintenant, je connais le goût de la défaite en finale. Ce n'est vraiment pas bon, très amer. On n'abordera pas cette finale comme à l'Euro. On veut bien finir, avec le sourire, faire péter la France. J'ai vu les photos après la Belgique, on veut revoir ça.

Qu'est-ce qui avait manqué à l'équipe en 2016 ?

À l'Euro, on pensait que c'était déjà fait. Contre l'Allemagne, on pensait que c'était la finale. Même si c'était les Portugais, on s'est dit que c'était gagné d'avance. Aujourd'hui, ce n'est pas pareil. On ne veut pas faire la même erreur et aborder ce match différemment en donnant tout pour ramener cette coupe à la maison.

"Grizou" rime avec "Zizou", peut-on s'attendre au même dénouement qu'en 1998 ?

Il abât un travail extraordinaire depuis le début de ce Mondial. C'est un sacrifice et ça lui fait plaisir de défendre comme ça. Il marque des buts, il défend, il court. C'est le Grizou qu'on aime et qu'on veut voir. Grizou est déjà un grand pour moi, mais Zizou c'est une légende en France. Grizou est en train de faire ça. Les Français l'adorent et on espère de tout coeur qu'il marquera en finale. Mais si on la gagne déjà, Grizou sera content et nous aussi.

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Comment allez-vous faire pour lutter contre votre étiquette de favori ?

Comment faire ? On n'y pense pas. Les Croates ont eu un match très difficile contre les Anglais. Ils sont très forts mentalement. Qu'ils aient 90 minutes en plus dans les jambes, je ne sais pas si c'est un problème. Il y a deux équipes qui veulent la coupe. Nous, on ne pense qu'à nous. On n'est pas l'équipe favorite. On n'a rien fait et on va tout faire pour avoir la coupe.


"Pas de plan anti-Modric"


20 ans après 1998, l'esprit de revanche est toujours présent du côté de la Croatie...

Les Croates n'ont pas d'étoile, ils en veulent une. C'est normal, ils font un très beau parcours. Moi, je n'ai pas d'étoile non plus. Elle est sur le maillot, mais je ne l'ai pas gagné. Ce sera un très gros match, très difficile. Mais comme je l'ai dit, il y aura deux équipes et une coupe, c'est tout.

Faut-il avoir un plan anti-Modric ?

J'ai toujours appris qu'une finale ne se joue pas, elle se gagne. Il ne faut rien lâcher et ramener la coupe chez nous. Si vous avez vu les Croates hier (mercredi), vous avez vu qu'il n'y a pas que Modric. Je ne pense pas qu'il y aura un plan anti-Modric, il y aura un plan contre tout le monde. On va bien préparer tout ça pour bloquer leurs meilleurs joueurs et leur plan d'attaque. Mais le plus important, c'est la gnac, c'est la gagne, c'est de remporter le match.

Paul Pogba France World Cup 2018Alexander Hassenstein

Comment jugez-vous l'équilibre et la complémentarité de votre équipe ?

Avec l'âge, tu gagnes en maturité. Tu joues contre des équipes qui ont de l'expérience, contre des grands joueurs. On défend vraiment bien ensemble, on a trouvé un équilibre avec tout le monde, avec Blaise (Matuidi), avec Kanté, avec Kiki (Mbappé). C'est venu tout seul.

Pouvez-vous être plus précis justement sur vos tâches et votre équilibre avec N'Golo Kanté ?

Moi, que je joue à droite ou à gauche ne me dérange pas. Je suis content à partir du moment où je suis sur le terrain. Avec N'Golo, on s'est très bien senti. Lui à gauche, moi à droite. Dès que je récupère le ballon, j'essaye de le donner à Kiki. Pour le moment, ça se passe très bien et j'espère que ce sera pareil contre les Croates.

N'Golo Kanté est plutôt discret, vous plutôt extravagant. Quelle relation avez-vous en dehors du terrain ?

Il a toujours été comme ça, très timide, sauf quand il joue aux cartes (rires). On parle, on s'entend bien. C'est une relation spéciale. On rigole, il est très moqueur. C'est vraiment un mec en or, très attachant. Je vis très bien avec lui comme je vis bien avec tout le monde.


"J'ai grandi, gagné en maturité"


Quel regard jetez-vous sur votre propre évolution ? On a le sentiment que vous avez pris en compte les critiques à votre égard...

Je n'ai jamais écouté les critiques, même si ça m'est revenu aux oreilles. Avant de commencer cette Coupe du Monde, j'avais dit des choses. On le prenait mal. Aujourd'hui, on le prend bien. Défendre n'est pas mon point fort, je ne suis pas N'Golo, mais je le fais avec plaisir. Pour être champion du monde, il faut faire des sacrifices. J'ai grandi, gagné en maturité. Mes coéquipiers m'aident. Même Antoine (Griezmann) me parle, me dit de revenir, de me placer là ou là. Si je grandis, c'est grâce au groupe, à tout le monde.

Avez-vous le sentiment que le regard a changé vous concernant ?

Je pense que oui. On ne me demande plus de marquer des buts, d'être décisif. Je joue mon rôle de milieu de terrain et aujourd'hui on me juge là-dessus, non plus sur mes buts et mes passes décisives. Contre l'Italie, j'ai été critiqué alors que je faisais mon rôle de milieu de terrain. Tout ce que j'entends est plutôt positif.

Paul Pogba Kylian Mbappe FranceGettyimages

Comment jugez-vous l'évolution de Didier Deschamps avec le groupe ces dernières années ?

Le coach a une étoile, il a un truc que peu de coach ont. Il a gagné avec l'équipe de France, il a gagné des titres, ça a été un grand joueur. Il connaît les joueurs. Il sait s'approcher des joueurs plus timides, faire passer son message. Il nous voit grandir, il voit qu'on a pris en maturité et il n'y a plus besoin de parler. Le coach nous laisse plus de liberté, nous parle autrement. Il le fait très bien et a su quand même le faire.

On vous a vu encourager et vite rappeler qu'il restait encore un match à gagner après la Belgique. N'est-ce pas ça, un vrai patron ?

Je ne sais pas si c'est ça un patron, mais je veux gagner la coupe. Ce n'est pas fini, il faut continuer, il reste une grand marche et on veut la passer. Je ne dirai pas que je suis le patron, on est tous des patrons. On a tous le même objectif. Maintenant, si je peux aider en donnant des conseils ou en encourageant, je le ferai pour le groupe. Et toujours pour le groupe.

Que pensez-vous de Kylian Mbappé, vous impressionne-t-il ?

Kiki ne m'impressionne pas. Moi, je le vois tous les jours à l'entraînement. Il va louper des matches où il ne marquera pas. Je le répète, ça ne sert à rien de le critiquer parce qu'on connaît son talent. Je sais que vous allez le critiquer, mais c'est un conseil. C'est l'un des joueurs les plus talentueux que la France a eu.

Que vous apporte Raphaël Varane, qui semble lui aussi avoir gagné en maturité ?

Lui, c'est un patron. Il a de l'expérience, il joue dans un très grand club. Il est très jeune, mais on ne dirait pas. Il a presque tout gagné. C'est un leader, il l'a toujours été. Et avec le temps et l'expérience, il a pris de l'ampleur dans le vestiaire. Il est écouté, il montre l'exemple, toujours. C'est bien pour lui et pour le groupe.

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