Buffon-Areola : Un fauteuil pour deux

À chaque conférence de presse ou presque, une question sur la gestion des gardiens est posée à Thomas Tuchel. Car la situation est un vrai casse-tête : comment contenter un des meilleurs gardiens du monde, Buffon, tout en ne freinant pas la progression du jeune gardien qui était numéro 1 il y a encore quelques mois. Tout un programme.

Le début de saison était pourtant plutôt facile pour le coach parisien : l’Italien étant suspendu trois matches en Ligue des Champions, c’est le titi qui a assuré les cages. Mais la prestation de Gigi à son retour en Coupe d’Europe, face à Naples, a rebattu les cartes. Sa grande expérience parle pour lui. Mais l’ancien entraineur de Dortmund l’a rappelé à plusieurs reprises, il ne veut pas attribuer de compétition à ses gardiens.

Avec le match reporté face à Montpellier ce samedi, le match à Strasbourg est sa dernière occasion de mettre en jambes le titulaire qui fera face à l’Etoile Rouge mardi prochain pour le match décisif en C1. La performance d’Areola à Bordeaux ne jouera peut-être pas en sa faveur. Une opinion non partagée par Matthieu Dreyer, le portier d’Amiens : "C’est très réducteur de résumer Alphonse sur sa prestation à Bordeaux. Il a fait une bonne saison l’an dernier et l’a bien terminé. Dès qu’il a eu la certitude d’être numéro un, il a eu plus de possibilités de s’exprimer. Il a évolué notamment dans sa prise de décision et est plus serein, à l’image de son énorme match en équipe de France face à l’Allemagne. C’est surtout la sérénité qui se dégageait que j’ai remarqué. Il a un jeu différent et je trouve que ça lui réussit plutôt bien. Il faudrait qu’il joue plus pour pouvoir passer un cap encore". Pour le moment, Areola a une avance puisqu’il a disputé 11 matches (L1 et C1) tandis que son coéquipier est à 9.

Pour l’ancien Caennais, l’ancien gardien de but des Azzurri peut l’aider à évoluer spécialement au PSG : "Pour un gardien le plus horrible c’est de n’avoir à toucher qu’un ou deux ballons pendant le match. En termes de concentration c’est très difficile. Beaucoup plus que quand tu es toujours dans l’action. Et Buffon peut lui apporter ça car il avait cette habitude-là. La Juventus avait un jeu dominateur donc c’est un scénario qu’il connaît bien", explique-t-il. "C’est une année de transition pour lui. Il joue moins, certes, mais il est intelligent et il sait que Buffon va lui donner ce que personne d’autre ne peut lui donner".

Cependant, Dreyer estime que l’international français ne doit pas se perdre dans cette organisation parisienne : "Il ne peut pas faire deux saisons comme ça. Ça freinerait sa progression et sa carrière. À son âge il doit jouer plus. Il a montré qu’il savait gérer la pression, que quand on lui fait confiance, il est vraiment bon".

Du côté de Tuchel, toujours le même discours. Il loue toujours la formidable relation entre les deux : "Il n’y a pas de hiérarchie. Ils se poussent l’un l’autre toujours avec un état d’esprit exceptionnel et je suis très heureux que les deux soient nos gardiens. Pour moi, c’est important d’avoir Alphonse , il a beaucoup de potentiel et c’est une occasion pour lui d’arriver à un plus haut niveau et s’améliorer avec la personnalité de Gigi. Je suis content de leurs performances". Évidemment, la qualification ou non du Paris Saint-Germain à Belgrade déterminera également la suite de la saison pour les deux portiers. Un moment qu’il doit redouter : "C’est dur de prendre cette décision et on doit parler encore en hiver pour voir ce qu’on doit faire". Même s’il s’évertue à dire qu’il n’y a pas de hiérarchie, une tendance nette est en train de se dégager.