Jordan Pickford England Sweden World Cup 2018 070718Getty

Avec Jordan Pickford, l'Angleterre tient enfin un gardien digne de ce nom

Peter Shilton doit être soulagé. Vingt-huit ans après qu'il ait pris sa retraite internationale à l'âge de 41 ans, sa sélection anglaise tient peut-être enfin un gardien à sa hauteur. Il s'appelle Jordan Pickford, il n'a que 9 capes à son actif mais il vient de montrer en l'espace de cinq jours qu'il a tout pour devenir un choix naturel à ce poste si important, et non une option par défaut comme l'ont été tous ceux qui se sont succédés dans la cage des Lions depuis 1990.

Enfin un gardien anglais qui s'illustre dans le sens positif du terme

Non, les David Seaman, David James, Paul Robinson, Robert Green ou encore Joe Hart n'étaient pas des plaies. Mais, les erreurs que chacun d'eux a pu commettre avec le maillot du pays sur le dos ont été mémorables et ont étiré, pendant plus de deux décennies, l'idée que cette position est maudite Outre-Manche. Une conjecture confortée par le fait qu'à l'exception de celle de l'Euro 1996 à domicile, il n'y a eu aucune demie de tournoi disputé par cette sélection. Même si elle est impossible à démontrer, comment ne pas penser à une corrélation entre la longue période de disette des Three Lions et l'absence d'un portier de qualité dans ce pays.

Il est évidemment risqué de porter des conclusions à partir d'un seul match, voire même de deux. Mais comment ne pas être séduit par les performances de Pickford à l'occasion du Mondial russe, et en particulier depuis le début de la phase à élimination directe de la compétition ? Celle qui avait longtemps été défavorable aux Anglais. Le dernier rempart d'Everton est pour beaucoup dans les deux qualifications successives réussies par la bande à Southgate, même si le mérite de celle-ci est aussi collectif, au vu notamment de la prestation convaincante réussie face à la Suède (2-0).

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C'est lors des grands rendez-vous que les grands joueurs se révèlent. Pickford en est assurément un, bien qu'il ne joue pas pour un ténor de Premier League et que son compteur de matches en Ligue des Champions reste bloqué à zéro. Après avoir détourné deux tirs au but face aux Cafeteros, il s'est illustré samedi à travers trois énormes sauvetages. Des arrêts qui n'ont rien à envier à ceux effectués par Thibaut Courtois la veille lors du Belgique-Brésil. Il a commencé à la 47e, et alors que le score n'était que de 1-0 en faveur des siens, en réalisant une envolée sur une tête à bout portant de Marcus Berg. Puis, un quart d'heure plus tard, il s'est couché de tout son long pour empêcher Viktor Claesson de trouver la faille. Enfin, à la 72e minute, il a neutralisé du bout des doigts une nouvelle reprise de Berg, écœurant définitivement les Suédois.

Régulier dans sa progression depuis son plus jeune âge

De tous les quarts de finale disputés jusqu'ici, celui d'Angleterre-Suède est celui qui a été le moins disputé. Néanmoins, on peut penser qu'il en aurait été autrement s'il n'y avait pas eu Pickford dans les buts anglais. Le blondinet a montré qu'il était taillé pour cette responsabilité. Est-ce une surprise ? Ceux qui connaissent et suivent son parcours répondront que non. Le joueur formé à Sunderland est passé par toutes les sélections de jeunes en Angleterre depuis 2010. En 2016, il fut notamment l'un des artisans du succès acquis au Tournoi de Toulon, et un an après c'est en partie grâce à ses belles prestations que l'équipe anglaise espoirs a atteint l'Euro de la catégorie en Pologne.

La réussite avec les A n'est donc que la suite logique des choses pour Pickford. Cela étant, combien de gardiens, et en particulier Outre-Manche ont été si prometteurs à leur jeune âge avant de décevoir au plus haut niveau, à l'instar de Chris Kirkland ou de Scott Carson ? Pickford a réussi ce test-là, et avec une mention spéciale qui plus est. Il lui incombe désormais de confirmer, ce qui n'est pas la plus aisée des tâches. Cela dit, et alors qu'il s'est distingué lorsque le poids de la pression était conséquente, il n'y a aucune raison pour qu'il déçoit au moment où tout nouvel accomplissement s'apparente à du bonus. Car même Peter Shilton n'avait pas réussi l'exploit d'emmener sa sélection en finale du plus beau des tournois. Le dernier anglais à l'avoir fait et le légendaire Gordon Banks (1966).

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