L’histoire de cet Euro, pour Didier Deschamps, se résume peut-être à expérimenter. C'est tout de même un drôle de paradoxe pour le pragmatique qu’il est. Dimanche, face à l’Islande, les suspensions d’Adil Rami et N’Golo Kanté l’ont forcé à bousculer ses plans. Et il y a cette sensation que quelque chose est né dans cette deuxième période où les Bleus ont changé leur destin contre l’Irlande (2-1). Mais jeudi, c’est l’Allemagne qui se présente sur leur route. Et c’est une autre affaire, Deschamps le sait. Pour quel plan va-t-il opter ?
Le système : le 4-2-3-1 offre des certitudes
Si l’équipe de France a rodé un 4-3-3 depuis deux ans, la mutation de ce schéma en 4-2-3-1 porte ses fruits. Il y a les certitudes, déjà. Comme celle du positionnement d’Antoine Griezmann. C’est dans ce système (malléable en 4-4-2) que le joueur de l’Atlético Madrid évolue dans sa position préférentielle - un rôle de neuf et demi qui navigue entre les lignes et tourne autour d’Olivier Giroud. La complicité entre ces deux-là saute aux yeux, comme celle du Mâconnais avec Dimitri Payet, dont les déplacements dans le cœur du jeu facilite les choses.
France-Islande : Le système en 4-2-3-1 utilisé par Didier Deschamps et les déplacements de Moussa Sissoko.
L’autre avantage du 4-2-3-1 se situe dans le rendement satisfaisant de la paire Pogba-Matuidi à la récupération. Positionnée plus bas, la star de la Juve gagne en sobriété et étale toute sa puissance. Matuidi, de son côté, reste un formidable harceleur, même si ce poste plus reculé le freine dans son habitude de perforer. Reste que l’Allemagne n’est pas l’Irlande ou l’Islande, et chaque match a son histoire…
Revenir à un 4-3-3 pour Kanté, ou garder Sissoko ?
La Mannschaft est une machine huilée, habituée à avoir le ballon et à exercer un pressing haut. En revenant à son 4-3-3 initial, Didier Deschamps réintègrerait N’Golo Kanté à la pointe basse du milieu. Cette option-là n’est pas à exclure non plus car Kanté a le bagage parfait pour marquer Mesut Özil de près, et donc restreindre le champ d’action du meneur de jeu allemand. Le joueur de Leicester avait été l’une des vraies satisfactions de la phase de poules.
Le dilemme, c’est que réintégrer Kanté sortirait presque mécaniquement Moussa Sissoko du onze, alors que ce dernier est aussi précieux dans son registre. Puissant, infatigable, accrocheur défensivement et rapide pour plonger dans les espaces, Sissoko est un joueur hybride idéal pour modeler le 4-2-3-1 en 4-3-3 sur certaines phases, et ainsi éviter un no man’s land au milieu. Son activité est telle qu’il donne parfois l’impression de couvrir deux postes. Aligner Sissoko avec des consignes défensives claires est donc une grosse probabilité. Cette option sécurise le 4-2-3-1.
A gauche, les ballons touchés par N. Kanté contre la Roumanie. A droite, ceux touchés par M. Sissoko contre l'Islande.
Rami ou Umtiti ? Expérience ou qualité de relance
Le dernier point concernera la charnière centrale et la possibilité de faire revenir Adil Rami dans le onze. Le Sévillan est apparu fébrile sur plusieurs matches (Roumanie, Irlande), mais c’est avec lui que les Bleus n’ont encaissé que deux buts, sur penalty. Plus expérimenté, Rami présente aussi l’avantage de permettre à Laurent Koscielny de retrouver l’axe gauche, sa position préférentielle.
En face, Samuel Umtiti est perfectible, mais a de vrais atouts. Sa qualité de relance, supérieure à celle du Sévillan, est importante pour l’expression collective des Bleus. Le néo-Barcelonais n’est pas aussi souverain dans le duel, comme l’a attesté sa petite faute de concentration sur le premier but islandais, mais l’absence de Mario Gomez change la donne. Ce dernier choix est certainement le plus indécis pour Didier Deschamps. La logique de groupe pourrait permettre à Rami de revenir dans ce onze. Mais ce ne serait qu’un plan A. L’histoire de ce grand match dictera la suite…
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