Cristiano Ronaldo est-il totalement imperméable à l'effet néfaste du temps qui passe ? Chaque saison, chaque semaine, chaque match lui offre de l'opportunité d'aller encore plus loin, de poser un nouveau jalon, d'exploser un nouveau record.
L'étrange histoire de Benjamin Glouton
En moins d'une semaine, le Benjamin Button du football, toujours aussi glouton en termes de records à battre, a marqué son premier retourné acrobatique en Ligue des champions, a été applaudi par les fans adverses et a de nouveau passé les 40 buts en une saison (pour la 8e année consécutive) grâce à sa réalisation en repise de volée lors du derby de dimanche en Liga contre l'Atlético Madrid. Le tout, à 33 ans. Il serait tentant de conclure que Ronaldo est un mutant, un extra-terrestre, un joueur dopé ou les trois à la fois, tant ses performances, leur fréquence et leur incidence sur la vitrine de trophée du Real Madrid et son actualisation annuelle, interpellent. Mais Ronaldo a un secret : son coach. La gestion de Cr7 est d'ailleurs l'une des grandes réussites de Zinedine Zidane depuis son arrivée sur le banc du Real.
Getty Images
D'abord, sur l'aspect phychologique. L'égo de Cristiano Ronaldo est notoirement plus hypertrophié que ses pectoraux. Difficile d'asseoir un tel joueur sur le banc ou de le sortir avant la fin même si vos initiales commencent et s'achèvent par un Z. Mais Zidane vient de l'école Ancelotti, qui fait la part belle à la psychologie et dispose d'un autre atout, c'est un ancien très grand champion. Deux forces qu'il a su utiliser à bon escient pour ménager l'ancien mancunien et faire appel à lui dans les moments clés.
Lifting tactique et cure de repos
Les chiffres ne s'opposent pas à cette analyse : en 5 ans et demi avant l'arrivée du Français, Cristiano Ronaldo n'avait raté que 15 matches sur décision technique (33 en tout avec blessures ou suspensions). Une utilisation intensive incompatible avec son avancée en âge et son style de jeu, qui s'appuie énormément sur le physique et l'explosivité, avec ses courses de plusieurs dizaines de mètres pour être au bon endroit au bon moment ou ses détentes impressionnantes dans les airs.
Mais depuis que Zizou a débarqué et s'est installé sur le banc du Real, Ronaldo a déjà "manqué" 17 matches sur décision technique sur 31 rencontres en tout. La différence est notable, la nuance est remarquable, surtout quand on sait que Cr7 a subi un léger lifting tactique au niveau du positionnement, lui qui ne multiplie plus les courses sur l'aile gauche et s'est substantiellment rapproché des cages adverses. Son intelligence tactique a fait le reste, car loin de nous l'idée de sous-entendre que Cr7 est complètement étranger au processus de sa propre transformation.
Même pas sa forme finale
Ronaldo est aussi le seul joueur du Real totalement exempté des tâches défensives et du replacement tactique à la perte du ballon. Certains y verront un lointain hommage à son mythique homonyme, Ronaldo Nazario, qui disparaissait pendant tout un match avant de placer son accélération meurtrière sur une sollicitation en profondeur pour laisser son défenseur à distance létale. Une manière de conserver l'énergie qui évoque les grands félins et leurs techniques de chasse qui sied bien au moment de décrire les deux Ronaldo et leurs manières carnassières et affamées devant les cages adverses.
Cette transformation et la politique de rotation de Zidane portent indéniablement leurs fruits dans le money time puisque Ronaldo est plus "clutch", plus opportun dans les moments importants avec notamment 10 buts entre les quarts et la finale de Ligue des champions la saison dernière et 12 buts sur ses 23 derniers matches cette saison. On n'a donc certainement pas fini de voir Cr7 multiplier les buts impressionnants et les célébrer énergiquement sur les terrains du vieux continent.
.png?auto=webp&format=pjpg&width=640&quality=60)
